C’est le 12 mai dernier que se réunissaient, à Paris, les adhérents de la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF) pour leur Assemblée générale ordinaire sous la nouvelle présidence de Sylvestre Olgiati. Marquée cette année par la mise en route de quelques grands chantiers passionnants, prometteurs de perspectives positives pour l’avenir, et la préparation de FUNÉRAIRE PARIS 2023, la matinée fut riche… et studieuse également, avec la présentation des résultats de la nouvelle enquête Funérama réalisée par le CRÉDOC(1).
Tout d’abord, comme il est de coutume lors d’une Assemblée générale (AG) d’une chambre syndicale de cette importance, représentative et référente dans le secteur économique funéraire, le nouveau président, Sylvestre Olgiati, avec le sens de l’accueil qu’on lui connaît, remercia les adhérents qui étaient venus en nombre, les membres du conseil d’administration (CA) pour leur participation régulière aux réunions et aux travaux en cours, la secrétaire générale Anne Tourres pour son travail constant et efficace depuis de nombreuses années, et les nouveaux adhérents et/ou représentants d’entreprises adhérentes. Et il salua la présence des nombreux responsables de fédérations et d’organismes partenaires présents(2).
Un salon qui se retrouve sous les meilleurs auspices
Si les travaux et projets annoncés – refonte des statuts de la chambre syndicale, constitution d’un groupe de travail "formation", etc. – sont porteurs de belles promesses et d’avancées constructives pour fonder une "nouvelle" chambre syndicale s’inscrivant dans les préoccupations d’aujourd’hui et relevant les défis de demain, les activités de l’année écoulée furent denses, et l’une d’entre elles va rester d’actualité dans les prochains mois, car nous sommes l’année de la nouvelle édition de FUNÉRAIRE PARIS, qui se tiendra du 22 au 24 novembre prochain au parc des expositions de Paris Nord Villepinte (Hall 3).
Pour exposer les derniers résultats de sa commercialisation, Corinne Menegaux, coordinatrice générale du salon, Philippe Piot, son directeur, et Monica Camilo Adriao, la responsable marketing et communication, s’étaient déplacés. En matière de chiffres, l’optimisme était de rigueur, avec l’annonce d’un nombre important d’exposants et une surface de stands vendue supérieure à celle de 2021 à date identique. Cette édition voit la création du concours "Funéraire d’Or" en collaboration avec la Confédération des Professionnels du Funéraire et de la Marbrerie (CPFM) ; les trois prix seront décernés le premier jour du salon. Le concours d’éloquence est, quant à lui, renouvelé. Trois conférences sont d’ores et déjà prévues, deux sont organisées par la CPFM et une troisième assurée par l’Union du Pôle Funéraire Public (UPFP), les thèmes seront annoncés prochainement.
Améliorer les moyens de communication et la pertinence des informations
À mettre également au bénéfice du rapport d’activité, une notable avancée dans les moyens de communication, avec la mise à jour et le suivi du site "csnaf.fr". Celui-ci a été modernisé en adoptant les standards actuels… avec une navigation fluide, un choix de rubriques claires, une ergonomie intuitive, avec des accès directs aux infos BtoB diffusées sur le réseau LinkedIn, aux dernières actualités professionnelles, aux vidéos disponibles sur la chaîne YouTube "CSNAF Décès-info" (dont celles sur les arts funéraires en France), au site Internet grand public "deces-info.fr", entre autres. À signaler la création récente de deux vidéos de valorisation des métiers de l’art funéraire, l’une en version longue de douze minutes, l’autre en version courte de trois minutes.
Pour ce qui est de la "com" interne, le CA, en binôme avec Anne Tourres, a mis en place une newsletter mensuelle dans le but de mieux informer les adhérents, d’instaurer de meilleurs échanges, d’être mieux connecté à la réalité de terrain des industriels membres. Afin de parfaire cette relation, Sylvestre Olgiati et son équipe souhaitent interroger les adhérents, notamment sous forme de sondages, pour mieux prendre en compte leurs opinions, leurs idées et leurs propositions éventuelles.
De nouvelles ambitions dans un monde funéraire en mutation
Comme nous l’indiquions plus haut, l’un des grands projets à venir concerne la constitution d’un groupe de travail pour la refonte des statuts de la CSNAF, dont l’objectif est de pouvoir accueillir au sein de la chambre syndicale les professions de certains fournisseurs non représentés actuellement. Cela nécessite bien sûr un vrai travail de réflexion, sans précipitation, le CA désirant bien préciser quelles catégories de sociétés la chambre syndicale désire intégrer, et de quelle façon. L’ambition est ici de privilégier la qualité plutôt que le nombre, préservant ainsi une cohérence avec la vocation de défense des savoir-faire des fabricants et avec une démarche d’ouverture sélective. Ce chantier prendra plusieurs mois et les futures modifications de statuts seront validées par un juriste avant d’être proposées au vote.
Autre groupe de travail à constituer, celui dédié à la formation. Après la publication du très réussi ouvrage sur "Les arts funéraires en France", la CSNAF a décidé de pérenniser ce type d’actions, d’amplifier le message délivré et l’intérêt que l’on peut porter à ces métiers. Pour cela, il faut générer un lien solide entre les centres de formation et les fabricants afin de créer un centre de ressources pédagogiques sur les produits et services du funéraire. Le constat de base est que les formateurs connaissent souvent mal les articles, les processus de fabrication, les savoir-faire issus des entreprises officiant dans l’art funéraire. Ce type de démarche devrait permettre de favoriser la formation des nouveaux salariés des opérateurs, avec des bases actuelles et en correspondance avec les offres du marché d’aujourd’hui.
L’indispensable participation aux travaux du CNOF
À mettre au compte des activités de l’année écoulée, la participation de la CSNAF, représentée par Aubin de Magnienville et Didier Belluard, aux travaux du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF). Ceux-ci sont essentiels pour tous les acteurs du funéraire et la dernière réunion plénière (10 juin 2022) révélait une importance particulière avec un projet de décret en Conseil d’État portant sur diverses mesures relatives à la législation funéraire présentée par la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL), entrant dans le cadre de la loi "3DS" (voir notamment Résonance nos 177 et 178). Pour faire simple, il s’agissait, entre autres, de procéder à diverses adaptations et à des toilettages ; et de mettre en place l’application des dispositions relatives à l’autorisation d’ouverture et de changement de cercueil en vue d’une crémation.
D’autres projets de décret étaient au menu au cours de cette séance qui généra de nombreux débats. Ces modifications de dispositions réglementaires ont fait l’objet de différents commentaires et analyses dans nos colonnes. Pour être complet, rappelons que les opérateurs funéraires ont demandé au CNOF de revoir leur méthode de convocation aux réunions en augmentant le délai entre l’envoi de l’ordre du jour et la tenue de la réunion. Cela permettrait la présence d’un plus grand nombre de représentants de la profession et favoriserait aussi l’échange indispensable avec leurs adhérents sur les textes.
Soutien, collaboration et ouverture, des mots clés pour la CSNAF
Certains évènements ou actions méritent d’être soutenus, car valorisant certains aspects du monde funéraire ou permettant un accompagnement complémentaire des familles endeuillées. Dans le premier cas, la chambre syndicale renouvelle son sponsoring de 2 000 € au "Printemps des cimetières" (initié par l’association Patrimoine Aurhalpin), dont la vocation est de valoriser le patrimoine funéraire auprès du grand public. Dans le deuxième, le soutien (5 000 €) est apporté à l’association Empreintes, qui répond quotidiennement aux demandes d’accompagnement de plus en plus nombreuses des endeuillés.
Le président a souhaité également souligner son attachement au renforcement des liens avec la CPFM. Il a indiqué d’ailleurs qu’un groupe de travail avait été constitué pour entreprendre une collaboration entre les deux organisations professionnelles. Pour la CSNAF, les administrateurs y participant sont Didier Belluard, Marc Manzini, Charles Wennberg et Sylvestre Olgiati. L’ouverture aux autres fédérations reste une des priorités et, dans cet esprit, un contact a été pris avec la nouvelle coprésidence de la FFPF, Céline Virgo et Frédéric Nicolas. À noter que le lien établi avec la nouvelle Chambre Syndicale des Services Funéraires Affinitaires (CSSFA) s’est concrétisé par la présence à l’AG de Mohamed Mahi, coprésident en charge de la réglementation, de la législation et des affaires institutionnelles.
S’emparer de sujets au cœur de l’actualité funéraire
L’AG fut aussi l’occasion d’aborder des thèmes qui, actuellement, font partie des préoccupations et des réflexions qui animent le milieu funéraire. Il s’agit des nouvelles alternatives à l’inhumation et à la crémation : humusation, promession et aquamation. La chambre syndicale souhaite apporter sa contribution dans les débats et les interrogations que suscitent ces pratiques novatrices, tant dans la sphère professionnelle funéraire que dans celles "grand public" et médiatique. Les enjeux sont cruciaux pour le futur, car les rites anciens risquent de connaître de vrais bouleversements, et des changements brutaux de modes de sépulture seraient potentiellement traumatisants pour les familles. De leurs côtés, les fournisseurs traditionnels du funéraire pourraient être mis économiquement en péril assez rapidement.
C’est pourquoi, entreprendre des réflexions et des actions avec les autres fédérations est nécessaire. La CPFM s’est déjà positionnée en voulant intégrer la CSNAF dans le groupe de travail qu’elle vient de constituer. Sylvestre Olgiati a accepté d’y être, accompagné d’Olivier Bernier (apportant l’expertise "cercueil"). Aujourd’hui, la position de la chambre syndicale est qu’il faudrait une véritable étude d’impact approfondie et comparative avec les bilans carbone des différentes méthodes (pleine terre, caveau, monument existant, monument local, monument importé, matériaux utilisés, essence du bois du cercueil pour inhumation ou crémation, etc.). Et qu’il conviendrait d’élargir le débat à la question du deuil et aux conséquences des nouveaux rites non éprouvés (évoqués dans le paragraphe précédent).
D’une manière générale, on remarque que la recherche d’une approche écologique dans tous les métiers du funéraire est de plus en plus prégnante, non seulement pour ce qui touche aux modes traditionnels ou novateurs de sépulture, mais également en ce qui concerne les pratiques des opérateurs funéraires et de leurs fournisseurs. Ce sera, a déclaré le président, l’un des chantiers importants dans les mois à venir, permettant ainsi de faire valoir les arguments de la filière et de mieux communiquer sur les savoir-faire de celle-ci.
Une réactualisation du Funérama riche d’enseignements
Enfin, véritable portrait économique de la filière funéraire, le "Funérama"(3) apporte des informations importantes, tant pour évaluer l’état de santé du secteur que pour les analyses pouvant en être tirées, dévoilant ainsi les potentielles tendances à venir. Cette enquête, réalisée tous les dix ans, suscite d’autant plus l’intérêt des professionnels que la méthodologie du CRÉDOC est toujours plus rigoureuse et que l’échantillon sélectionné – 398 établissements du secteur des services funéraire – est représentatif des structures ayant eu une activité en 2021. L’AG fut donc l’occasion d’en présenter la nouvelle version 2023.
Tout d’abord, petit rappel sur la méthode. L’enquête s’est déroulée du 1er septembre au 17 octobre 2022 par téléphone (90 % des répondants) et online (10 % restants). Concernant le panel d’entreprises, celui-ci est redressé en fonction de la représentativité des catégories qui sont définies par le nombre de salariés (aucun, 1 à 5 salariés, 6 à 9 salariés, 10 salariés ou plus), par la répartition géographique en cinq grandes régions et par le type d’établissement (mono-établissement ou multi-établissements).
Des données riches d’enseignements sur les évolutions du marché
Afin de vous donner une première idée des grands constats et des données essentielles résultant de ce nouveau Funérama, nous ne retiendrons ici que quelques-uns des résultats les plus marquants. Tout d’abord en chiffres purs. On relève 116 décès traités par entreprise de pompes funèbres en 2021, vs 110 en 2011, une croissance notable sachant que le nombre d’établissements est, lui aussi, en augmentation chaque année (taux de croissance annuel moyen de 1,5 %). On remarque, en complément de cette évolution, que les crémations continuent de croître. 39 % des décès traités par les pompes funèbres en 2021 ont donné lieu à une crémation, contre 31 % 10 ans plus tôt.
Pour conclure, quelques points donnant un profil économique du marché. Les cercueils sont les articles les plus vendus, et on remarque une hausse des soins de conservation et des séjours en funérarium. Les monuments funéraires et cinéraires sont les produits vendus les plus chers en 2021. En moyenne annuelle, ceux-ci sont rejoints par les bronzes et les urnes. Point très positif pour le moral de la filière, est relevé un net accroissement de la satisfaction des pompes funèbres vis-à-vis de leurs fournisseurs (pour exemple : 100 % pour les articles funéraires en 2021, vs 64 % en 2011).
Enfin, en synthèse finale, le Funérama précise que les facteurs de modifications profondes du marché à cinq ans sont nombreux, tous partagés par plus de la moitié des établissements, et ont trait, pour les principaux, à l’exigence des clients, à la demande croissante pour des cérémonies civiles personnalisées et au recrutement de personnel qualifié.
Gil Chauveau
Nota :
(1) Centre de recherche pour l’Étude et l’Observation des conditions de Vie.
(2) Guillaume Fontaine, président de la CPFM, accompagné du responsable juridique, Pierre Larribe ; Frédérique Plaisant, présidente de la Fédération Française de Crémation (FFC) ; Mohammed Mahi, coprésident de la CSSFA, ainsi que quelques personnalités et/ou intervenants. Sans tous les nommer (les oublié(e)s nous excuseront) : François Michaud-Nérard ; Thomas Roux, consultant en charge du Funescope annuel ; Franck Lehuede, directeur d’études et de recherches au CRÉDOC, en charge de la présentation de l’enquête Funérama 2022 effectuée auprès des distributeurs de services funéraires.
(3) Les réseaux avaient été invités à la présentation de la nouvelle version du "Funérama". Étaient présents : Antony Fallourd, directeur général - stratégie et développement de Funeplus ; Benoît Fourquet, gérant de FUNÉRIS et Olivier Dufour, directeur des achats de POMPES FUNÈBRES DE FRANCE.
Résonance n° 192 - Juin 2023
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