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Maintenant que nous sommes en mai 2024, nous avons pu prendre un peu de recul par rapport à l’évolution des décès, qui avait connu une forte baisse en 2023. Nous avons aussi des chiffres pour les 3 premiers mois de l’année 2024 : ils sont très proches de ceux de 2023. Comment comprendre ces chiffres ? Cet article analyse les données sur une période longue, soit depuis les années 2000. On se donne ainsi presque 25 ans pour comprendre.


1. Décès et population

a. Par année complète, de 2000 à 2023

Revenons d’abord sur le vieillissement de la population : quelle est la réalité de ce sujet omniprésent ? J’ai comparé les données entre 2000 à 2023 : la population de 60 ans et plus passe de 12,1 millions de personnes à 18,5 millions de personnes, soit une augmentation de 50 %. On peut donc bien affirmer que la population de 60 ans et plus a explosé en 23 ans.

En comparant l’évolution du nombre de décès sur cette même période (2000 à 2023), je trouve une croissance de 17 % : évidemment, c’est nettement moins que l’évolution de la population, mais le chiffre reste important. J’ai ensuite comparé les décès entre 2000 et 2022, et j’ai obtenu une croissance de 24,5 % (on mesure ainsi l’impact du choix de l’année de référence).

Graphique 1

J’ai voulu comparer l’évolution de cette population avec celle du nombre de décès en calculant la proportion de décès que représente cette population. Le graphique récapitulatif montre une forte baisse du ratio entre 2000 et 2010 (on passe de 4,5 % à 3,5 %), puis ce ratio n’évolue plus vraiment et oscille entre 3,7 % et 3,9 %. La tendance est clairement à la stagnation, et on peut sans doute en déduire que le nombre de décès suit nettement l’évolution de la population des 60 ans et plus.

Graphique 2

b. Sur le 1er trimestre de chaque année 2000-2024

Avec les chiffres tout juste collectés sur le premier trimestre 2024, nous pouvons compléter notre analyse jusqu’à cette date. Il faut savoir qu’en France, le premier trimestre est celui où on constate le plus grand nombre de décès, notamment lors du mois de janvier. Depuis 2000, on observe deux phases : de 2000 à 2010, le nombre de décès est stable avec une population senior en croissance, puis dans une seconde phase, c’est le ratio qui est stable.

Graphique 3

2. Évolution de l’âge moyen des défunts

a. Sur les années complètes

L’une des principales explications de ces évolutions est la forte augmentation de l’âge moyen des défunts (par simplicité, j’ai calculé l’âge moyen des défunts pour les hommes et les femmes combinés). Cette évolution est impressionnante : l’âge moyen des défunts a augmenté de plus de 5 ans en l’espace de 23 ans. Quel progrès ! Cependant, et j’en parle depuis plusieurs années, on constate que cet âge moyen ne croît plus depuis 2019 (soit avant la Covid).

Le débat sur ce sujet relève de spécialistes médicaux sur les limites du corps, mais il faut intégrer ce changement possible dans l’évolution des décès des années à venir. Néanmoins, les spécialistes de l’INSEE restent convaincus que l’âge des défunts va continuer d’augmenter dans les prochaines décennies, comme le montrent leurs modèles qui intègrent ce principe. Par ailleurs, une loi légalisant l’euthanasie pourrait aussi avoir un fort impact sur ce postulat.

Graphique 4

3. Évolution des décès sur le premier trimestre par rapport à l’année de référence 2000

Avec les chiffres du premier trimestre 2024 et en partant toujours de l’année 2000, j’ai calculé la variation du nombre de décès de chaque premier trimestre depuis 2000. On observe qu’entre 2001 et 2014, l’évolution oscille entre taux négatifs et taux faiblement positifs. Pour mémoire, la canicule de 2003 a été une année marquée par une forte baisse des décès. Concernant les premiers trimestres, seules les années 2021 et 2022 ont été exceptionnelles (la Covid n’a démarré qu’en mars 2020). Bref, on peut remarquer que 2023 et 2024 étaient des années plus "normales", tandis que 2021 et 2022 ont été des années exceptionnelles.

Graphique 5

4. Prévisions INSEE

Toujours dans cette logique de temps long, j’ai repris les prévisions de l’INSEE pour les mettre à jour avec les chiffres réels de 2022 et 2023 (courbe en rouge). On constate que les chiffres de 2023 reviennent au niveau des prévisions de 2022 (prévisions centrales). On atteindrait donc en 2030 les chiffres de 2021 et 2022. C’est après 2030 que l’impact du baby-boom va fortement influencer la mortalité en France : le nombre de naissances avait explosé à partir de 1946, et cette génération va arriver dans la population senior.

Graphique 6

Conclusion

En s’inscrivant dans le temps long, on prend conscience que la population des seniors (60 ans et plus) a connu une très forte croissance en 23 ans, notamment grâce à l’amélioration de la santé des Français (merci la médecine !). Heureusement, le nombre de décès n’a pas suivi une évolution pareille. Cependant, depuis 2014-2015, et surtout 2018, on observe une remise en question de ce postulat d’allongement continu de la durée de vie.

Cela va forcément se répercuter sur le nombre de décès ces prochaines années, d’autant plus avec le vieillissement de la génération du baby-boom. Ainsi, le nombre de décès observé en 2023 et au premier trimestre 2024 laisse entendre que nous sommes revenus dans les prévisions historiques de l’INSEE… même si, comme nous l’avons vécu ces dernières années, rien n’est écrit.
 
Charles Simpson
Fondateur de Meilleures Pompes Funèbres

Résonance n° 203 - Mai 2024

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