Pour la Toussaint, une majorité de Français se sont rendus au cimetière. En 2023, plus de 57 % d’entre eux ont déposé des fleurs et entretenu la tombe de leurs proches. Ces visites incitent souvent à discuter des souhaits pour ses propres funérailles, l’organisation des obsèques et l’entretien de la mémoire étant essentiels : face au deuil, les Français ressentent le besoin de s’impliquer.
La Chambre Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF) révèle les préférences des Français concernant l’anticipation de leurs propres obsèques, une tendance en hausse, ainsi que les critères guidant la préparation des rites funéraires. Les données présentées proviennent du 6e baromètre "Les Français et les obsèques", réalisé en 2024 par le CREDOC pour le compte de la CSNAF.
Les Français se rendent toujours très nombreux au cimetière
Des chiffres stables sur 20 ans montrent la pérennité de rites bien ancrés dans la société française : à l’occasion de la fête de la Toussaint, 21 millions de Français se rendent au cimetière, soit systématiquement, soit en alternance avec d’autres membres de la famille (57 % des Français de plus de 40 ans).
Les Français anticipent de plus en plus leurs obsèques
La plupart des Français ont un jour été confrontés au décès d’un proche, ce qui souvent amène à se questionner sur sa propre fin et la manière dont on voudrait que le dernier adieu soit orchestré. Ce besoin d’implication, associé au souhait de soulager ses proches, incite un nombre croissant de personnes à anticiper leurs obsèques. Un choix réalisé par 49 % des Français, chiffre en progression.
Qui anticipe le plus ses obsèques ?
• 60 % de personnes appartenant à un ménage ayant un revenu mensuel entre 1 220 € à 1 830 € ;
• 62 % de veufs ;
• 60 % de personnes souhaitant une crémation ;
• 56 % de femmes ;
• 63 % de personnes ayant déjà en charge l’entretien de plusieurs monuments funéraires.
À qui laissent-ils leurs instructions ?
C’est majoritairement aux enfants que les dernières volontés sont confiées, ces derniers étant, pour 68 % des personnes ayant laissé des instructions, les plus susceptibles de prendre les décisions le moment venu, suivis par les conjoints (50 %).
L’anticipation des obsèques se révèle donc être une préoccupation croissante. D’ailleurs, même parmi ceux n’ayant pas laissé d’instruction, la part d’individus y ayant déjà songé est en hausse (47 %). Ce besoin d’implication n’est néanmoins pas réservé à ses propres obsèques : il s’exprime tout autant lorsqu’il s’agit de rendre hommage à un proche disparu. Dans les deux cas, le choix des articles funéraires (cercueils, plaques, monuments, fleurs...) est essentiel, permettant d’accompagner le deuil.
Du choix de l’opérateur à celui des produits, les Français préfèrent la proximité
Les critères de choix des pompes funèbres restent avant tout guidés par la proximité et la connaissance ou la recommandation de l’opérateur :
• Le choix de l’opérateur de pompes funèbres est d’abord déterminé pour 42 % des personnes interrogées par la proximité géographique avec leur domicile ou le lieu de décès du défunt ;
• Pour 23 %, il s’agit d’un opérateur auquel ils ont déjà eu affaire.
Au-delà de la dimension pratique, cette proximité rassure dans cette étape difficile. De même les critères liés à la recommandation par l’entourage et à la réputation arrivent en 3e et 4e place, signe de l’importance primordiale accordée à l’humain dans le choix de l’accompagnant des familles dans le parcours d’obsèques.
Pour les achats d’articles funéraires, ce besoin de proximité se vérifie également : le secteur du funéraire reste un circuit physique où les achats ne se font toujours pas sur Internet.
• 83 % des plaques funéraires sont achetées auprès de revendeurs traditionnels (pompes funèbres et marbriers) et 7 % chez les fleuristes. Pour ces articles porteurs de messages et de sens, les ventes en grande distribution ne concernent que 4 % des achats ;
• 72 % des Français achetant en points de vente expliquent préférer voir les produits "en vrai" ;
• L’usage d’Internet dans le cadre des obsèques reste donc cantonné à une faible part de la population (10 %). Les Français utilisent alors principalement le Web pour informer du décès (57 %), se renseigner sur les démarches (52 %) et envoyer des remerciements (42 %) sans que d’autres usages plus commerciaux n’émergent.
Quels produits funéraires les Français choisissent-ils le plus ?
Après le cercueil, produit funéraire le plus acheté, car obligatoire en France, les produits d’ornement, marques d’hommage au défunt, sont néanmoins tout aussi importants.
Les plus communément achetés sont :
• Pour 75 % des Français, les fleurs fraîches et les plantes d’ornement ;
• Les plaques funéraires pour 43 % ;
• Les vases ou jardinières d’ornement pour 27 % ;
• Les fleurs artificielles pour 27 % ;
• Les céramiques florales pour 10 %.
Le prix est important, mais indissociable de la qualité et / ou du "Made in France" dans les principaux critères de choix
Le prix des obsèques reste majoritairement bien accueilli par les Français :
• Pour 49 %, les prix moyens sont jugés convenables ;
• Pour 21 %, cela représente un effort financier justifié par l’hommage au défunt.
Seuls 31 % des Français recherchent le prix le moins cher possible. Plus de 50 % des Français se disent prêts à payer plus cher pour un cercueil de fabrication française. Et pour cause : après le prix, bien que l’esthétique et le respect de l’environnement soient aussi pris en compte, ce sont la qualité et / ou le "Made in France" qui figurent parmi les critères déterminants dans les choix opérés pour les produits funéraires :
• Le cercueil : prix cité par 57 % des Français comme principal critère de choix, devant la fabrication française (36 %) et la qualité (23 %) ;
• Les urnes : prix 46 %, qualité 33 %, fabrication française 30 % ;
• Les plaques : prix 46 %, qualité 30 %, fabrication française 26 %.
L’analyse de Sylvestre Olgiati, président de la CSNAF
"Cette 6e édition du baromètre le démontre : la pandémie de la Covid a confirmé voire renforcé les liens avec le personnel des pompes funèbres et l’attachement aux rites funéraires déjà bien ancrés. On observe une réappropriation des cérémonies, une personnalisation croissante des hommages et une stabilité des visites au cimetière.
Les arts funéraires témoignent de leur importance dans la structure des rites funéraires qui permettent d’accompagner les étapes successives du deuil. Deux mouvements de fond importants auraient pu changer le paysage funéraire français : la croissance régulière de la crémation et la sécularisation de la société, mais ce n’est pas le cas, les rites s’adaptent tout aussi progressivement et se modernisent.
Les propositions actuelles laissent une grande place à la personnalisation des hommages et à des formes de cérémonies adaptées qui s’organisent autour des invariants des obsèques : des rassemblements sociaux importants, des éléments rituels centraux identifiés (cercueils, fleurs, monuments en granit) autour desquels s’organisent les hommages, des lieux de commémoration et de souvenir toujours largement visités.
Dans une société en mouvement, le secteur funéraire témoigne de sa stabilité, tout en s’adaptant en douceur aux évolutions de fond, sans rupture".
Résonance n° 209 - Novembre 2024
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :