"Le Funéraire Solidaire", une opération imaginée par CANARD - SEFIC qui perdure et contribue à son succès lors du dernier salon parisien

Résonance : De l’avis général, le salon parisien est un bon cru et il semblerait que tout le monde en ait profité. J’imagine que c’est le cas pour un fabricant de votre niveau et de votre ampleur ?

Pauline Canard : Nous sommes effectivement très satisfaits de cette édition 2023. Nous avons eu beaucoup de visiteurs… clients ou non, collaborateurs, partenaires. D’une manière générale, toutes les personnes avec qui nous travaillons tout au long de l’année. Cela se révèle toujours très constructif et riche en bons moments. Notre constat est, je pense, identique à celui des autres exposants, avec un mercredi et jeudi vraiment très denses en matière d’échanges et d’affaires.

R : Représentant la nouvelle génération, pensez-vous que, depuis votre première présence dans un salon et la prise de vos responsabilités au sein du groupe, le marché funéraire a évolué, que les curseurs ont un peu bougé ?

PC : Nous remarquons au fil des années que le marché évolue et que les choses bougent un peu dans notre secteur spécifique qu’est le funéraire. Du côté des produits comme des services, l’éventail de propositions s’élargit. Il y a de plus en plus de petites entreprises, de start-up qui se développent, offrant des produits innovants, des nouveautés sur l’accompagnement du deuil, par exemple. Dans le secteur particulier des fabricants de cercueils, nous constatons une diminution du nombre des acteurs industriels, du fait soit de rachats, soit de regroupements. Les visiteurs s’en sont aperçus et c’est la réalité du marché. En matière de stands, cela donne un relief, un aspect différent aux allées du salon, avec des surfaces d’exposition beaucoup plus importantes.

Par ailleurs, le développement des prestataires de services connaît un véritable essor. De ce point de vue-là, FUNÉRAIRE PARIS est représentatif de la dynamique économique réelle de notre milieu professionnel. Cela est en accord avec ce qui existe aujourd’hui.

R : Si vous en êtes d’accord, abordons trente secondes la problématique de la fourniture en bois. Tout est-il revenu à la normale depuis la fin de la crise sanitaire ?

PC : Concernant la ressource en bois, globalement, on ne peut pas vraiment parler d’amélioration de l’approvisionnement. Mais il y a un peu plus de ressources disponibles pour certaines essences depuis quelques mois, avec une meilleure stabilité des prix… Même si nous savons que ceux-ci ne reviendront pas à la baisse. Pour ce qui est du chêne, la Chine est toujours présente sur les marchés de négoce, mais de façon plus discrète pour le moment, ce qui nous laisse plus de latitude et de facilité en matière d’achats : cela permet de mieux équilibrer nos coûts. Heureusement, nous avons nos propres scieries avec un contrat de partenariat avec l’ONF qui assure une grande partie de notre approvisionnement dans un cadre écoresponsable de renouvellement des ressources.

Du côté de nos clients pompes funèbres, ces différentes phases de commercialisation et de fluctuations tarifaires ont été bien comprises. Ici, tout a résidé dans une bonne pédagogie. Nous avons pris le temps avec nos clients et nos partenaires d’échanger sérieusement en permanence sur le sujet, sur les tenants et les aboutissants. Tout tient dans ce dialogue continu où nous devons jouer la transparence sur la réalité des événements. Nous n’avons pas hésité à les inviter quand ils le souhaitaient pour visiter nos locaux et voir l’état de nos stocks. Cela a, je pense, grandement facilité les relations commerciales.

R : Moment phare de ce dernier salon, votre programme "Le Funéraire Solidaire" fut à nouveau une manière remarquée de voir le funéraire différemment en faisant appel à la générosité des professionnels pour soutenir des actions caritatives. Vous avez choisi trois nouvelles associations. Pouvez-vous nous en parler ?

PC : Pour cette deuxième édition de notre opération "vente aux enchères", nous avons gardé le même principe que l’année dernière dans le sens où nous avons proposé trois modèles de cercueils différents, de conception unique, dont le montant des enchères fut reversé à 100 % aux organismes sélectionnés. Ceux-ci mènent des œuvres distinctes et agissent en France. Il s’agit de l’Œuvre des Pupilles Orphelins et Fonds d’Entraide des Sapeurs-Pompiers de France (ODP), de la Fédération Française de Cardiologie et de l’association Petits Frères des Pauvres. Ces "assos" mènent des combats qui leur sont propres, mais qui ne sont pas moins importants les uns vis-à-vis des autres.

Si, à FUNEXPO Lyon, nous avons fabriqué les cercueils en premier et choisi les associations ensuite, cette année, nous avons fait l’inverse. Les modèles ont donc été créés en lien direct avec chacune des trois organisations choisies pour cette édition 2023 du salon parisien. Le plus important pour nous était avant tout de valoriser ces dernières. L’idée était ensuite de faire un petit clin d’œil en rapport avec leurs actions, d’imaginer des modèles les plus créatifs possibles et, en même temps, qui soient en rapport avec le marché, c’est-à-dire qu’ils restent "vendables".

Par exemple, pour Petits Frères des Pauvres, nous nous sommes inspirés des fauteuils que fabriquait Guy Canard, le grand-père menuisier de mon mari (Geoffroy) et nous avons réalisé ce cercueil (dessin et conception) nous-mêmes, tous les petits-enfants réunis. C’était donc un hommage à notre grand-père et, par voie de conséquence, à la lutte contre l’isolement des aînés dont s’occupe Petits Frères des Pauvres… une mission qui tenait à cœur de Guy, de son vivant.

R : C’est une belle histoire, ici intimement liée à celle de la famille Canard. Mais, sans le vouloir, c’est un peu le cas pour les deux autres associations et cercueils…

PC : Chaque aventure/création en est porteuse, en effet. Pour le VERMEIL et l’ODP, il se trouve que l’un des petits-fils Canard est sergent chef de la brigade des sapeurs-pompiers de Digoin et que sa femme est pompier professionnel. Parmi nos agents de production, nous avons dix-sept pompiers volontaires. Le cercueil mis aux enchères était donc recouvert de la couleur officielle et emblématique des véhicules d’intervention des pompiers et un casque ornait celui-ci.

Pour le GATSBY, le cheminement créatif est plus singulier. L’inspiration vient de "Gatsby le Magnifique" de l’écrivain américain Francis Scott Fitzgerald (1896-1940).

Celui-ci était un précurseur dans la lutte contre les maladies cardiaques. Pour nous, cela pouvait symboliquement correspondre avec les objectifs de la Fédération Française de Cardiologie. Nous avons conçu le cercueil en reproduisant le type de menuiserie qui était courant dans les années vingt.

En matière de chiffres, la vente aux enchères a permis la récolte de 5 200 € pour l’ensemble des trois associations. Pour le cercueil VERMEIL, le montant de la vente est monté à 2 500 € et fut remporté par FUNECAP. La somme obtenue est destinée à l’Œuvre des Pupilles Orphelins et Fonds d’Entraide des Sapeurs-Pompiers de France (ODP). Le cercueil VINTAGE, dédié en matière de don à l’association Petits Frères des Pauvres, a fait l’objet d’une enchère de 1 200 € remportée par les Pompes Funèbres Intercommunales du Boulonnais. Enfin, le GATSBY a permis de récolter 1 500 € au bénéfice de la Fédération Française de Cardiologie. Cette troisième enchère fut remportée par le réseau FUNÉPLUS.

Pour conclure, je dirai que cette nouvelle expérience de notre programme "Le Funéraire Solidaire" nous incite à réfléchir sur une évolution du concept. Nous voulons toujours faire mieux, nous souhaitons donc, pour un prochain salon par exemple, l’enrichir, le diversifier… et rendre le caritatif plus accessible à toutes les pompes funèbres. Et nous désirons d’un autre côté dévoiler la face bienveillante du funéraire auprès du grand public. Nous allons réfléchir à tout cela, essayer de rester créatifs, proposer des nouvelles idées et arriver avec un programme encore amélioré. C’est aujourd’hui notre nouvelle ambition.

Le "Funéraire Solidaire", un programme caritatif original Trois créations uniques entièrement fabriquées dans les ateliers auvergnats de CANARD Industries. Le cercueil VERMEIL Forme : tombeau. En hêtre massif 1er choix. Finition : laque rouge satiné/mat et brillant. Sur le cercueil, on retrouve des poignées Scandinave zamak coloris argent et des cache-vis ronds zamak coloris argent. Le temps total de réalisation a été de 52 heures. Le cercueil VINTAGE Forme : tombeau. En chêne massif 1er choix. Finition : habillage en cuir marron recyclé posé avec des pointes vieillies. Il est équipé de poignées cuir marron et chêne ainsi que de cache-vis plats en bois, vernis clair. Le temps total de réalisation a été de 80 heures. Le cercueil GATSBY Forme : parisien. En chêne massif 2e choix. Finition : usinage dont défonçage caisse et couvercle ; puis laque noire satiné/mat. Ce modèle comporte des poignées Roseau zamak coloris or et des cache-vis Roseau zamak coloris or. Le temps total de réalisation a été de 50 heures. Les partenaires de l’opération sont HESSE pour la fourniture des produits de finition (vernis) et FUNERANOR pour la fourniture des ornements des cercueils.