Javier Romero, responsable du département funéraire chez Eclip's. |
Fondé en 1950, le groupe Mathez est un ensemble de sociétés spécialisées dans la coordination logistique et le transport international. Dès 1960, il devient un acteur incontournable dans les rapatriements funéraires. En 1998, parce que le transport funéraire requiert
un suivi professionnel réalisé par des personnes formées et sensibilisées au contexte émotionnel que génère un décès, il crée un département spécifique dénommé "Eclip's" dont la mission est de proposer des solutions sur mesure pour répondre à tout besoin. La dimension humaine et familiale du groupe lui permet de se distinguer par sa qualité de service et par l’expertise de son personnel. Rencontre avec Javier Romero, responsable du département funéraire.
Resonance: M. Romero, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ainsi que le groupe Mathez auquel elle appartient ?
Javier Romero : Eclip’s est le service dédié au transport funéraire aérien de la société Mathez transport internationaux SA. Mathez est un groupe familial français créé dans les années 50 à Nice. Spécialisé dans l’organisation de transports vers toutes les destinations existantes, aussi bien au départ de la France qu’en provenance de l’étranger. Nous traitons des dossiers de transport funéraire depuis 60 ans et cela grâce, entre autres, à une implantation sur plusieurs sites aéroportuaires majeurs (Roissy, Nice, Marseille, etc.). Il s’agit là d’une de nos activités traditionnelles, ce qui bien entendu est rendu possible grâce à une équipe composée de collaborateurs issus du domaine funéraire et capables d’apporter les réponses adaptées à chaque cas.
Au fait, pourquoi Eclip’s ? Notre service s’est baptisé ainsi, car notre métier, n’est-il pas de faire passer nos clients de l’ombre de l’organisation d’un transport, à la lumière de sa réalisation ?
R : Bien que présent sur le marché des transitaires depuis 2007, vous êtes encore méconnu des professionnels funéraires, et ce, par choix. Pourquoi ?
JR : Encore une fois, ce métier ne s’invente pas. Si on embauche douze personnes du fret dont quatre commerciaux, on fait un peu de publicité et le résultat sera que l’on sera toujours plus cher que le marché. Dans une industrie quelquefois conservatrice, apporter une nouvelle solution fait peur. Rien ne sert d’aller trop vite, les clients ne changeront pas du jour au lendemain. Il nous a fallu construire un service irréprochable, apportant de vraies solutions à des clients souvent frustrés mais parfois frileux… Donc étape par étape, nous avons d’abord négocié des tarifs et des accords avec des compagnies aériennes fiables, puis formé nos équipes à la réception des corbillards, sur tous ces aspects, le support du groupe a bien aidé. Mais en même temps il a fallu trouver des clients qui nous ont fait confiance, et surtout constituer notre équipe de professionnels expérimentés dans les pompes funèbres et dans le fret, car c’est là que réside le secret de notre réussite, mais ne le répétez pas…
R : Dans la présentation de votre activité, vous insistez sur le fait d'être un sous-traitant et un partenaire pour les pompes funèbres, mais en aucun cas un concurrent. Si un opérateur funéraire fait appel à vos services, comment cela se passe-t-il ?
JR : Effectivement j’insiste sur un point essentiel qui est notre ADN et notre déontologie : Eclip’s est un transitaire spécialisé dans le transport funéraire aérien. Nous n’organisons pas d’obsèques, ne fournissons pas de cercueils. Je définis notre mission comme complémentaire à celle de nos clients. Nous intervenons pour eux dans un domaine où ils rencontrent une demande et où, bien évidemment, ils n’ont pas l’obligation d’exceller. C’est notre rôle de les aider en nous effaçant bien volontiers aux yeux de leurs propres clients.
Pour étayer le propos, je vous dirais que j’ai, depuis la création d’Eclip’s en 2007, refusé de prendre une habilitation funéraire. Elle n’est pas nécessaire pour le bon déroulement de notre activité, mais au-delà de cela je veux éviter toute tentation d’intrusisme vis-à-vis de nos clients. Il me semble difficile de n’être que partenaires sans jamais être concurrents lorsque l’on fait le même métier. Nos concurrents sont des transitaires pas des pompes funèbres.
Dès réception d’un appel, notre équipe va donner à l’opérateur funéraire, les informations essentielles pour répondre à la famille qui est en général en face d’elle. Il est ainsi en mesure de donner un devis total à son client, tant sur la fourniture d’équipement que sur les options d’acheminement. Nous faisons aussi un point sur les besoins documentaires et les spécificités liées à une destination. Je vous ai dit préalablement que nous avons rencontré des clients frustrés. Frustration de voir le même opérateur gérer le transport aérien, le transport par route avec son corbillard, son cercueil et repartir avec "leur" dépouille car il est assisteur. Ou encore certains se sont vu proposer d’effectuer la fourniture d’équipement pour des sommes ridicules lorsque l’on sait l’enveloppe allouée par une mutuelle. Eclip’s ne veut pas faire la même erreur. Nous sommes prêts à nous "mettre en quatre" pour développer notre service, cependant nous refusons de "court-circuiter" nos clients. C’est la philosophie non pas uniquement d'Eclip’s, mais de Mathez en général.
R : Vos équipes comportent certains éléments issus de la pompe funèbre. Au vu de vos prestations, dans le cadre de votre collaboration avec les professionnels funéraires, ce doit être une force ?
JR : Ce n’est pas une force, c’est un incontournable. Les opérateurs funéraires veulent des interlocuteurs qui les comprennent, qui parlent leur jargon, qui connaissent leurs problèmes et qui leur apportent des réponses claires, précises. Nous faisons du transport… funéraire… aérien… je pèse chaque mot car tous nos collaborateurs doivent, de façon indépendante, pouvoir répondre aux besoins que sous-entendent ces trois mots. C’est pourquoi, en général, nous recrutons un professionnel du funéraire que nous formons au transport aérien. Le contraire n’a jamais fonctionné.
R : Ainsi, si un professionnel funéraire n'est pas coutumier du rapatriement aérien, vous l'aidez et vous l'accompagnez dans les diverses démarches, c'est là qu'intervient la notion de partenariat que vous avez évoqué précédemment ?
JR : Absolument ! Et pas seulement pour un novice. On explique et on vérifie que ce qui doit être fait, en faisant une analyse complète du cas, en posant les bonnes questions. D’où l’importance d’avoir une équipe de pro du funéraire (c’est quoi IML ?, peut-on charger un cercueil dans un A320 à Ajaccio ?). Un dossier bien anticipé et préparé est un gage de succès pour tous. Notre grande ambition est d’aider les plus aguerris au quotidien mais surtout de faire que les plus réticents à l’international décident d’y revenir sans appréhension
R : Pour conclure, y a-t-il un sujet que vous souhaiteriez aborder ou un projet que vous aimeriez nous pré?
JR : Nous vous remercions de nous avoir ouvert vos lignes afin que nous puissions expliquer que le rapatriement funéraire international est accessible à tout opérateur funéraire, et ce, n’importe où en France, du moment qu'il est bien accompagné dans ses démarches. Ainsi, si le souhait d'une personne décédée était, via un transport aérien, de retourner là où étaient ses racines, la pompe funèbre aura, sans aucune difficulté, la possibilité de réaliser elle-même cette dernière volonté…
Propos recueillis par
Steve La Richarderie
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :