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Dirigeant fondateur du Cabinet Cazals & Partners, professeur à HEC Paris et citoyen engagé, François Cazals officie depuis quelques années pour différentes structures, publiques et privées, du secteur funéraire. Consultant en stratégie d’entreprise et expert dans les domaines de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et des nouvelles technologies, il partage avec nous sa vision et ses convictions au regard de l’avenir du secteur funéraire dans un environnement économique devenu incertain de même que l’intérêt supposé de la RSE dans un tel contexte… explications !


Résonance : Monsieur Cazals, afin que les lecteurs de Résonance fassent plus ample connaissance avec vous, pouvez-vous nous parler de vous et de vos activités ?

François Cazals : Avec plaisir, Je suis le dirigeant fondateur d’un cabinet de conseil en stratégie, basé en région parisienne, que j’ai créé il y a près de 25 ans. La mission de cette structure est d’accompagner des organisations, publiques ou privées, en France et dans le monde, pour les aider à se projeter dans leur futur souhaité et les assister dans leur évolution et/ou leur transformation. Il s’agit là de mon activité principale et, dans ce cadre, j’officie dans de nombreux secteurs professionnels dont, depuis quelques années, le secteur funéraire.

Nous avons tout d’abord travaillé avec l’Union du Pôle Funéraire Public (UPFP) et sommes amenés aujourd’hui à développer nos activités. Ma seconde activité est une activité d’enseignement puisque je suis professeur à HEC Paris dans les matières de la stratégie et des nouvelles technologies, numériques et Intelligence Artificielle (IA). J’écris régulièrement des ouvrages, des chapitres d’ouvrages ou encore des articles dans la presse sur ces sujet émergents.

Et enfin, j’ai une activité citoyenne à laquelle je tiens tout particulièrement et que je cite systématiquement : je suis officier de réserve dans la gendarmerie nationale où je suis affecté au cabinet du directeur général au pôle stratégie et prospective. J’y accompagne l'institution sur toutes sortes de projets qui sont liés à la sécurité publique. C’est une activité très différente de mon activité phare dans les organisations marchandes ou publiques mais qui est particulièrement intéressante.

R : Comment en êtes-vous venu à travailler pour le secteur funéraire… est-ce l’UPFP qui a sollicité vos services ?

FC : Non, pas tout à fait… cela s’est fait via mon activité d’enseignement. Il faut en effet savoir qu’à HEC Paris nous travaillons avec la fédération des entreprises locales, la FedEPL, et pour laquelle, depuis de nombreuses années, nous avons un cycle de formation au management dédié à ses dirigeants. C’est dans ce contexte-là que j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs dirigeants d’Entreprises Publiques Locales (EPL) du secteur funéraire dont certains avaient des activités syndicales de premier plan au sein de l’UPFP.

C’est à la suite de cette rencontre via HEC que mon cabinet a été missionné par le pôle funéraire public pour réaliser plusieurs études et autres actions d’accompagnement sur des sujets portant sur la digitalisation, les nouvelles technologies ou encore des sujets liés au RSE. Des sujets dans lesquels nous sommes très impliqués et pour lesquels nous avons une expertise certaine. Mais peut-être y reviendrons-nous plus tard…

R : Effectivement, nous y reviendrons... Mais avant cela je souhaiterais que nous parlions de votre intervention lors de la convention UDIFE 2023 portant sur les incertitudes, notamment en matière d’économie et de management, qu’ont générées, et génèrent encore aujourd’hui, les crises et autres conflits que nous venons de traverser… Ce qui était vrai hier, ne l’est plus aujourd’hui ?

FC : En effet, dans le cadre de mon activité professionnelle, pendant de nombreuses années, sur le modèle Harvard, pour aider des entreprises à se projeter dans le futur, on regardait le passé. On identifiait quelles étaient les grandes tendances du passé et on les projetait vers l’avenir. C’est un mode de fonctionnement qui a toujours un certain sens aujourd’hui, modulo les variations de l’environnement dès que celui-ci bouge de manière extrême…

Typiquement, ces dernières années, nous avons eu le plus bel exemple de ce qui pouvait se faire en matière de crises sociales, sanitaires, financières et géopolitiques. Qui plus est, celles-ci ayant été totalement imprévisibles, ou presque, il est devenu aujourd’hui très difficile de s’y retrouver. Nous évoluons à présent dans un monde totalement incertain !

Dans ce nouveau contexte, nous pensons qu’il faut changer de logiciel mental, revoir ses stratégies et travailler sur des notions différentes. Dans ce monde incertain, en tant qu’enseignant et expert du sujet j’ai développé une approche qui se matérialise par un modèle que j’appelle "stratégie anti-fragile". Le concept d’anti-fragilité en lui-même n’est pas de moi, c’est un auteur qui s’appelle Nassim Taleb qui a théorisé ces événements très inattendus qui surviennent et qui bouleversent tout sur leur passage… Il appelle ça des "cygnes noirs". La crise de la Covid en est une parfaite illustration.

Ensuite, il a également observé et théorisé le fait que, lorsque les individus et les organisations doivent affronter ces "cygnes noirs", certains sont détruits par la violence du choc alors que d’autres résistent, et parmi ces derniers, une petite catégorie, et c’est celle-ci qui m’intéresse, est non seulement parvenue à résister aux crises, mais a également trouvé des moyens pour se développer et en ressortir plus forte. C’est précisément sur ces entreprises que repose le concept d’anti-fragilité et c’est en s’appuyant sur ce modèle que notre cabinet a développé tout un cadre intellectuel et conceptuel qui nous permet, aujourd’hui, d’aider et d’accompagner efficacement les dirigeants et leur organisation pour qu’ils soient non seulement aptes à affronter des crises totalement inattendues mais aussi qu’ils puissent en tirer des profits en matière d’adaptation ou de transformation de leur modèle.

C’est une démarche intéressante à titre intellectuel parce que c’est une nouvelle manière de voir les choses et c’est pertinent à titre professionnel parce que notre postulat est que nous allons devoir, dans l’avenir qui s’annonce, affronter de plus en plus fréquemment des événements très violents, incertains et inattendus… et nous devrons faire avec !

R : Vous avez d’ailleurs utilisé un acronyme pour qualifier ce nouvel environnement…

FC : "VICA" effectivement, il est question d’un monde "VICA"… Le "V" représente la volatilité que nous venons d’évoquer avec ces changements très profonds. Le "I" fait référence à l’incertitude, au fait que l’on ne sait pas du tout ce qui va se passer à plus ou moins court terme. Vient ensuite le "C" de la complexité pour exprimer le fait que ces phénomènes dépendent d’une infinité de variables explicatives donc il est extrêmement difficile, sans un sens aigu de l’observation doublé d’une excellente maîtrise du sujet, d’en résoudre l’équation.

Et pour terminer, le "A" de l’ambiguïté, cette difficulté à démêler le vrai du faux alors que l’information se propage très, trop vite… la bonne comme la mauvaise, générant au passage des difficultés au niveau analytique. Les dirigeants et autres managers ont alors beaucoup de mal à apprécier la véracité ou la qualité d’une information. Émerge alors la nécessité d’employer une approche différente afin de trouver des clés d’adaptation à ce nouvel environnement. C’est précisément l’objectif de la "stratégie anti-fragile" que nous avons développée au sein du cabinet Cazals & Partners.

R : Beaucoup considèrent le secteur funéraire comme étant un secteur à part… protégé. Dès lors, pensez-vous que cet environnement "VICA" puisse avoir des répercussions sur celui-ci ?

FC : Là où les professionnels funéraires ont raison, c’est sur le fait qu’ils font partie des rares secteurs d’activités qui s’inscrivent sur des tendances relativement prévisibles.

Personnellement j’estime qu’il y a 4 choses dont on peut raisonnablement dire qu’il s’agit de certitudes pour les prochaines années. Nous sommes certains du réchauffement climatique, nous sommes certains des dynamiques démographiques avec une population mondiale qui, d’ici 20 ou 30 ans, sera au plus bas à 8 milliards et au plus haut à 10 milliards, nous sommes certains de la raréfaction des ressources - en lien ou non avec le réchauffement climatique, les énergies fossiles et l'eau vont finir par manquer - et nous sommes certains des ruptures technologiques.

Ensuite, il y a quelques certitudes sur lesquelles nous pouvons nous appuyer telle que, dans le secteur funéraire, l’évolution démographique et, par voie de conséquence, le nombre de décès. Dès lors, nous savons que nous allons bientôt franchir le cap des 700 000 décès par an et, celui des 800 000 dans les 20 ans qui viennent avant d’atteindre une phase de plateau.

Non, les répercussions seront ailleurs et notamment au niveau du respect de l’environnement et de l’urgence climatique. La société a commencé à évoluer et ses besoins avec elle. Ses attentes sont différentes de ce qu’elles étaient dans un monde plus stable. Les notions humaines, sociales et environnementales prennent une tout autre dimension alors qu’il y a encore peu, elles n’étaient que très rarement prises en compte. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que les acteurs du funéraire ont de belles perspectives devant eux, mais certains s’en sortiront mieux que d’autres du fait même qu’ils cohabitent sur un marché hyperconcurrentiel. Ma vision sur le sujet est qu’il va falloir se préparer à transformer le modèle funéraire pour le rendre plus durable. Cette durabilité s’inscrit avant tout dans l’évolution du monde où la préoccupation de l’environnement devient centrale, notamment dans la sphère politique, mais aussi et surtout pour les générations émergentes.

Il devient urgent de réfléchir à un modèle qui soit frugal et vertueux, un modèle qui prenne en compte la bonne gestion des ressources, matières premières et énergétiques. Il en va également de la rentabilité économique de l’industrie du secteur qui devra elle aussi inscrire son développement dans cette même quête de sens. Comme je l’ai dit plus tôt, celle-ci s’avère être très importante pour nos enfants qui, demain, arbitreront sur les sujets funéraires.

Leurs critères seront sans doute en rapport avec le comportement de l’opérateur funéraire au regard des préoccupations environnementales et sociétales, s’ils s’intéressent ou pas à la durabilité de ses prestations de même que leurs sens profonds. Si l’établissement évolue dans une perspective de service public et d’accompagnement de l’humain, s’il a des affinités coopératives, mutualistes ou plus financières… Tous ces critères seront porteurs de sens et s’avéreront décisifs, même si le client est un consommateur et que le secteur funéraire, quoi qu’en disent certains, n’est autre qu’une sphère marchande et économique.

R : Si je suis votre raisonnement, la RSE sera un facteur clé dans l’évolution du marché funéraire

FC : C’est mon avis, et pas seulement pour le secteur funéraire. En tant que consultant multi-industries, si nous avions eu cet entretien il y a ne serait-ce que 5 ans, je vous aurais dit en off que la RSE, pour un directeur ou une directrice générale, ça aurait été une espèce de mal nécessaire qui se serait traduit formellement par un beau rapport en papier recyclé mais qui n’aurait eu aucun écho stratégique… et c’est à peine caricatural.

Aujourd’hui nous n’avons plus un seul client qui n’intègre pas les sujets de durabilité dans les fondamentaux de sa stratégie et dans l’évolution de ses modèles. Autrement dit, nous sommes vraiment passés d’une approche RSE essentiellement marketing à une approche RSE qui s’inscrit dans des transformations très profondes des modèles entrepreneuriaux. À titre d'exemple, et parce qu’il nous démontre qu’il s’agit aussi d’un sujet économique, le sujet de l’énergie est vraiment remonté à la surface à la suite de la guerre en Ukraine, mettant en exergue la raréfaction des ressources fossiles. Cette dernière a provoqué un bouleversement tarifaire. Sans mauvais jeu de mots, cette flambée des prix aura imposé à nombre d’industriels, à l’image des gestionnaires de crématoriums dans le secteur funéraire, de devoir envisager une approche énergétique la plus frugale possible tout en limitant les impacts sur la performance économique des entreprises… parvenir à faire coïncider la performance économique avec la performance environnementale.

Toujours concernant la crémation, de nos jours, près d’un Français sur deux choisit ce mode de sépulture avec toute l’infrastructure industrielle fortement énergivore qui va avec. Dès lors, le sujet énergétique devient la principale préoccupation du gestionnaire et il doit s’adapter. C’est dans ce contexte qu’on ne fait plus de la RSE pour la gloriole, mais plutôt une RSE absolument nécessaire pour la transformation d’un modèle stratégique viable et rentable qui crée de la valeur… l’enjeu étant de parvenir à faire coïncider la durabilité au sens RSE du terme avec la performance économique de l’entreprise. C’est là toute la différence avec ce qui se pratiquait il y a quelques années.

R : Je sais que vous avez été attentif à l’intervention de Francis Busigny lors de la convention UDIFE 2023, aussi, pensez-vous que les préoccupations environnementales auxquelles vous faite référence vont influencer les familles au regard des nouveaux modes de sépultures ?

FC : C’est une éventualité ! Si je reprends effectivement l’intervention de M. Busigny sur l’humusation qui précédait ma propre intervention à Saint-Malo, bien qu’aujourd’hui le cadre réglementaire de même que les conditions techniques et sanitaires sur le sujet ne soient pas encore stabilisés, il est extrêmement probable que ce type d’approche va susciter un intérêt de plus en plus important de la part d’une certaine partie de la population. Bien évidemment, cela se fera au détriment des modes de sépultures plus classiques - inhumation et crémation – mais de là à dire quelle part vont représenter ces nouvelles pratiques, c’est difficile à dire. Cela étant, pour être honnête avec vous, même si je pense que, comme pour la crémation en son temps, cela se fera de façon très progressive, il est très probable, pour ne pas dire inévitable que nous allons voir arriver dans ce secteur des pratiques nouvelles qui seront potentiellement plus respectueuses de l’environnement… n’ayons aucun doute là-dessus !

R : C’est ce à quoi vous faites allusion lorsque vous évoquez une réflexion sur un modèle qui soit frugal et plus vertueux ?

FC : Effectivement, l’empreinte carbone d’un opérateur funéraire est relativement faible dès lors qu’il se fournit en circuit court, local, régional ou national… en revanche, pour les produits d’origines internationales, voire très lointaines, c’est une autre affaire ! Malheureusement, j’observe trop souvent que nombre d’organisations funéraires ne placent pas leur empreinte carbone en tête de liste de leurs préoccupations… et c’est bien regrettable. Pour d’autres au contraire, ça devient un facteur décisif avec des questions posées par les clients si on est dans la sphère publique, ou par les collectivités territoriales dans le cadre de Délégation de Service Public (DSP), qui veulent avoir des outils et des produits décarbonés et durables, preuve à l’appui.

R : Pour terminer avec la RSE, je crois savoir que votre cabinet, Cazals & Partners a joué un rôle proactif dans la création du Label F…

FC : Nous faisons en effet partie des créateurs/fondateurs du Label F, du fait de notre implication dans la conception du référentiel technique en collaboration avec notre partenaire, l’entreprise de certification Pronéo. Nous ne sommes pas des opérateurs funéraires et nous pensons également qu’il est extrêmement important que d’autres structures, extérieures à l’UPFP, aient participé à la création de ce Label F. Et pour cause, il n’a pas vocation à être réservé aux seuls EPL. Bien qu’il soit issu de la réflexion du Pôle public, il est ouvert et accessible à l’ensemble des entreprises funéraires qui prennent, à bras le corps, ces sujets de stratégie durable et de RSE… c’est important de le préciser.

R : Quelles sont ces autres structures auxquelles vous faite allusion ?

FC : Des structures d’autres natures, d’essences mutualistes comme La Maison des Obsèques (LMO) ont, dès le départ, manifesté un intérêt certain pour le projet. De fait, ces entités ont, elles aussi, participé à la création du Label F et font toute la singularité de sa gouvernance. Elles représentent les 40 % du secteur funéraire qui affichent une réelle sensibilité pour ce qui est de l’économie sociale et solidaire et, avec le funéraire public, elles démontrent d’une conscience et d’une appétence philosophiques pour tous ces sujets.

R : Vous êtes également expert en Intelligence Artificielle (IA). Aussi, pensez-vous que l’IA puisse constituer une quelconque menace pour les métiers à forte valeur humaine ajoutée de la branche funéraire ? Quelles pourraient être les risques ou les possibilités offertes par ces nouvelles technologies ?

FC : En fait, il en est du funéraire comme dans de nombreux, pour ne pas dire tous les secteurs d’activités… il y a une idée reçue qui voudrait que les technologies de l’IA se substitueraient à une grande partie des métiers humains. Ma philosophie et mon expérience opérationnelle n’est pas forcément celle-ci… je pense que ces technologies ne se substituent pas, mais au contraire, qu’elles permettent d’amplifier les capacités des humains en prenant en charge des tâches pour lesquelles ces derniers ne sont pas très performants afin de leurs permettre d’exceller dans leurs domaines de prédilection. Si je devais rapporter ça au funéraire, je ferais respectivement référence aux tâches administratives d’un côté, et à l’organisation de cérémonies et à l’accompagnement des familles de l’autre.

Cela étant, il y a un autre usage potentiel qui me semble beaucoup plus pertinent concernant le secteur funéraire. C’est la possibilité offerte par l’IA d’entrer dans une approche qui ne serait plus seulement réactive par rapport aux événements, mais plutôt prédictive… À titre d›exemple et de façon plus concrète, j’en reviens aux infrastructures industrielles de crémation fortement énergivores. Dans ce cas bien précis, on pourrait vraiment imaginer être aidé par des logiciels qui permettraient de prévoir puis de s’adapter à toutes sortes de variables qui pourraient avoir un impact sur la consommation énergétique afin d’optimiser cette dernière. Typiquement, nous abordons là des sujets–préoccupations, d’ordre industriel et environnemental, difficilement gérables par l’humain et pour lesquels l’IA pourrait être d’une aide précieuse et représenter une réelle valeur ajoutée.

Comme vous l’avez bien compris, concernant l’IA dans le secteur funéraire, je pense que les premiers cas d’usage vont être essentiellement industriels et pour la plupart dédiés à l'optimisation des équipements et autres structures industrielles du type crématorium. Une utilisation à des fins marketing et commerciales est également prévisible.

Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que l’IA soit agoniste d’un métier qui, comme vous l’avez souligné, se veut très humain par nature. Elle est complémentaire et offre simplement de nouvelles possibilités. Je crois vraiment que l’intégration de ces nouvelles capacités peut vraiment se faire dans une grande harmonie et, là encore, ce n’est pas décorrélé de ce que j’ai évoqué sur la durabilité. J’entends par là que, paradoxalement, ces nouvelles technologies vont aller dans le sens de l’intégration de la RSE, à la fois dans la recherche de la performance économique, mais aussi dans la recherche de la performance environnementale et sociale, permettant ainsi d’accélérer le processus de transformation du modèle… c’est du gagnant/gagnant !

R : Avant du conclure, y a-t-il un dernier point que vous souhaiteriez partager avec les lecteurs de Résonance ?

FC : Je vais faire un petit aparté… car comme je vous l’ai indiqué en introduction, c’est vraiment le hasard d’une rencontre qui m’a permis de découvrir le secteur funéraire. Au fil des années, j’y ai fait la connaissance de nombreuses personnes toutes plus intéressantes et enrichissantes les unes que les autres. C’est un secteur attachant et passionnant dans lequel mon cabinet et moi-même sommes amenés à travailler de manière exclusive, souvent avec des structures qui ont un sens des valeurs et une utilité sociale très forte. C'est vraiment un secteur d’activité où, comme vous le disiez il y a quelques minutes, il y a une très forte dimension humaine ainsi qu’une réelle proximité.

Jusque-là, nous avons eu le plaisir de travailler avec des dirigeants - de par la nature de nos prestations et de notre expertise - incroyablement motivés. Chose rare de nos jours dans d’autres secteurs d’activités, j’y ai rencontré des dynasties, des entreprises avec une histoire familiale, je dirais même séculaire, où plusieurs générations, au fil du temps, adhèrent au même projet familial. C’est assez impressionnant et même assez émouvant. Je tiens à remercier toutes ces personnes pour ce qu’elles m’ont apporté jusque-là…

R : Et merci à vous François pour cet entretien…

FC : Sans être alarmiste et si vous me le permettez, il y a une dernière précision que je souhaiterais apporter. Ce serait aujourd’hui une erreur grave pour un dirigeant de négliger les nombreux signaux d’alerte qui clignotent sous ses yeux… Ne faisons pas comme pour le réchauffement climatique où, n’observant rien de très concret durant de nombreuses années, nous n’avons pas été très réactifs… nous en constatons aujourd’hui les conséquences avec une température de 35° en plein mois de septembre qui fait suite à l’été le plus chaud de toute l’histoire de l’humanité. Sans parler des incendies géants au Canada ou des inondations en Grèce que l’on n’aurait jamais crus possibles dans de telles proportions.

Idem pour la guerre au Yémen… on ne sait pas où c›est, on n’est pas affectés donc on ne s’en préoccupe pas. En revanche, dès que la guerre est à 3 heures d’avion de Paris et que les impacts sur notre quotidien sont multiples, à commencer par une flambée du prix des ressources alimentaires et énergétiques, le discours change immédiatement. Et ce d’autant plus que nombre de dirigeants ne peuvent qu’en constater les effets délétères sur leur activité et leur capacité opérationnelle car, du jour au lendemain, leurs coûts de production explosent et certaines ressources et autres matières premières se font de plus en plus rares…

C’est une réalité, le monde contemporain est bel et bien devenu VICA, et, sans être "LA" solution, la RSE s’inscrit dans une approche susceptible d’apporter des éléments de réponse qui permettront d’appréhender au mieux cette nouvelle donne à laquelle il va falloir s’adapter et d'être force de proposition pour un nouveau modèle plus vertueux… qu’on se le dise !
 
Steve La Richarderie

Résonance n° 195 - Septembre 2023

Instances fédérales nationales et internationales :

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