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Il y a très peu de temps est apparu un concept novateur pour soutenir le deuil, au nom évocateur : Les Flories. Concept de commémoration et de rite funéraire, il s’inscrit dans une démarche thérapeutique, solidaire et écologique. Son principe repose sur des boules de graines prêtes à germer qui, déposées en pleine nature ou près de soi, permettent de créer des lieux de souvenir, et d’accomplir des gestes personnels et réconfortants. Offertes à la personne endeuillée, elles ont aussi vocation à créer un lien humain et empathique, bénéfique pour tous, notamment pour celui qui donne et celui qui reçoit. Entretien…
GUIDE PIRON 2019 1

Résonance : Frédéric Piron, pouvez-vous nous présenter ce concept dont vous êtes le créateur ?

Frédéric Piron : Nous savons tous combien il est difficile d’apporter une once de réconfort à un endeuillé, de trouver les mots justes, le bon geste, tellement la situation peut être dramatique et bouleversante. Que l’on soit parent ou ami, c’est compliqué. Et pour le professionnel du funéraire, ça l’est d’autant plus qu’il n’a pas de lien avec l’endeuillé. Et pourtant, il va endosser un rôle capital pour lui durant les quelques dizaines d’heures qui font suite à un décès.

Son travail se focalise sur le défunt, tout en sachant que son rôle, ses conseils, sa manière d’être impacteront l’endeuillé. Une faute pourra exacerber la colère et la douleur, alors qu’un geste et une parole sensés pourront apporter un début d’apaisement. Les Flories sont un moyen pertinent d’amener une personne sur le chemin de son deuil, et de ressentir toute la beauté et la profondeur de son métier… une idée simple et qui a un effet papillon vertueux.

Remettre Les Flories à un endeuillé, c’est lui offrir la possibilité de rendre hommage à la personne disparue en semant des fleurs sur des lieux chers à son cœur (vacances, coin de pêche, promenade…), sur des lieux symboliques ou de mémoire propres à soi (belvédère, dispersion de cendres, cimetière …). Ce geste réfléchi, qui aura un sens personnel, sera accompli en pleine conscience et résonnera en lui. L’endeuillé pourra aussi garder près de lui Les Flories pour s’en occuper, de la germination jusqu’à l’éclosion des fleurs. Il chérira ses boules de fleurs, leur parlera certainement (comme on parle à son cher disparu) et trouvera un petit réconfort intérieur, celui dont seules les fleurs ont le secret.

Ce simple geste d’offrir Les Flories est tout à fait à la portée d’un conseiller funéraire ou d’un maître de cérémonie. Il suffit d’une attention délicate, servie par des mots simples, pour que l’endeuillé perçoive dans un premier temps l’empathie du geste, et, dans un second temps, sa portée. Le maître de cérémonie peut construire une partie de sa cérémonie autour des Flories, car les fleurs sont riches de symboles et incarnent le cycle de la vie. La vie qui ne tient qu’à un souffle, aussi fragile qu’une fleur et aussi belle qu’un bouquet. 

R : Vous parliez d’un effet papillon, vous pouvez développer ?

FP : C’est également un cercle vertueux, cependant, il y a plusieurs niveaux. Nous portons tous en nous au moins un deuil, et tout ce qui peut nous permettre d’être résilient, de mieux vivre avec sans se perdre et sans l’effacer pour autant, est bénéfique. Bénéfique pour nous-même, pour notre santé, puis pour ceux qui nous entourent, et ainsi de suite.

Le bénéfice se ressent aussi chez le professionnel du funéraire. Les retours que l’on me fait me réjouissent vraiment. Les Flories leur permettent de s’inscrire dans une relation humaine et sincère avec les familles. Beaucoup font ce métier pour cela. La majorité des personnes qui œuvrent dans le funéraire le font par conviction, avec sérieux et beaucoup de cœur. Ces métiers ont un impact considérable sur leur vie. Offrir Les Flories fait partie des gestes qu’ils recherchent, car il apporte une dimension nouvelle à leur métier.

Et j’irai même plus loin. Nous avons tous de plus en plus besoin de donner du sens à nos actions. Un patron, une équipe qui s’autorise à exprimer un geste d’empathie, apportent du réconfort et justifient leur implication personnelle et profonde. Et ce cadeau qu’ils vont faire à la famille, après les formalités, les multiples questions posées, le faire-part, le devis, est finalement un petit ballon d’oxygène, quelques secondes pour un sourire, un échange, pour exprimer leur compassion. C’est une porte de sortie sur la solitude et parfois l’incompréhension de leur profession.

Le côté inclusif des Flories se poursuit également dans la chaîne de production et de mise en pochon ou en sachet, car des travailleurs souffrant d’un handicap participent à l’aventure. Et ces hommes et ces femmes savent ce que va devenir le fruit de leur attention méticuleuse. Ils y trouvent un sens, cela les touche. Leur implication va permettre de financer la création d’un jardin thérapeutique dans mon Jura. Les Flories vont faire naître d’autres fleurs qui feront du bien à d’autres personnes.

L’effet papillon se ressent aussi sur la nature, la biodiversité, le stockage du carbone, le soutien aux insectes pollinisateurs. Inutile de développer plus, je pense. Semer est devenu un geste vital. 

R : Comment Les Flories sont-elles perçues par les familles ?

FP : Très bien, pour les raisons que j’ai développées ci-dessus. Les familles comprennent très vite le sens et la portée des Flories. Mais cela répond aussi à leur demande de personnalisation de la cérémonie, de l’hommage et de l’écologie. Ce sont les thèmes qui animent de plus en plus notre société. La prise en compte de l’individualité, de nos particularités et de notre histoire personnelle avec le défunt.

Recevoir des fleurs est rarement mal perçu, et la projection que l’on peut faire avec Les Flories touche l’intime. Les familles apprécient beaucoup ce geste, qui, marié à un sens écologique, est vraiment dans l’air du temps. Au fil des retours, j’apprends que les gens reprennent à leur compte Les Flories : geste pour la famille d’un copain disparu trop tôt, petit cadeau pour les amis et voisins proposé en fin de cérémonie, Les Flories offertes pour le deuil d’un animal…

En avril, lors d’un voyage en Algérie, des "pieds-noirs" ou enfants de "pieds-noirs" ont confié Les Flories à des jardiniers d’une maison d’hôtes et d’un cimetière, pour les faire pousser en souvenir de leurs racines, de leurs défunts. La tombe d’Aurélie Picard-Tidjani, aventurière, bienfaitrice, dont la vie a inspiré Frison Roche (Djebel Amour) a été également fleurie. Quand les personnes s’emparent d’une idée, les histoires se multiplient, comme les fleurs qui s’essaiment.

Les Flories ont été offertes également à des absents, privés de cérémonie car empêchés pour des raisons médicales ou d’éloignement. Elles ont servi pour présenter des condoléances, pour remplacer les mots que l’on ne sait pas dire.

R : Depuis le salon FUNÉRAIRE PARIS, vous avez élargi votre gamme en proposant un coffret et un kit de plantation. Est-ce pour répondre aux besoins de la profession ?

FP : Oui, clairement. Le kit de plantation a été mis au point pour répondre aux besoins des cimetières paysagers ou naturels au sein desquels il ne sera toléré que des matériaux écologiques. Dès maintenant, il est une solution de fleurissement sur des espaces composés de paillis qui n’ont pas besoin d’être tondus, entretenus. Mais ce kit de plantation est devenu aussi une vraie solution pour les personnes vivant en appartement et qui n’ont pas la possibilité d’avoir une jardinière ou un accès à la terre. Le godet carton et le galet en fibres de coco permettent de faire pousser Les Flories dans une simple tasse !

Le second produit est un joli coffret marqué du slogan des Flories : "Semer comme on sait aimer" dans lequel vient se loger un pochon, un mini-dépliant explicatif et un bâtonnet de bois. Ce coffret vient mettre en valeur le geste de la pompe funèbre et le coté précieux du symbole pour le deuil. Son couvercle peut se personnaliser, mais surtout, il permet de glisser un mot d’accompagnement très valorisant. Par la suite, le coffret pourra servir de cadre photo ou de boîte souvenir. 

R : Vous avez réalisé une petite BD qui met en scène toutes les tranches d’âge. Dans quel but ?

FP : C’est une petite histoire de seulement 4 pages destinée à sensibiliser les professionnels et les personnes sur le deuil et la difficulté d’avancer. Elle montre comment, avec quelques Flories et un petit cérémonial, on peut faire de la dispersion des cendres un moment doux, à vivre en famille, qui donnera lieu à d’autres gestes réconfortants. Semer des fleurs en mémoire de son papa, de son papy, de son mari et de son fils, selon les générations et les liens, peut donner des moments forts, qui parlent à tous. J’aurais pu également transposer l’idée en mettant en scène une bande de copines, d’amis qui souffrent également du deuil. Un geste collectif les aurait rassemblés. 

R : Une dernière précision ?

FP : Je vous remercie de faire écho aux Flories au travers de Résonance, et pour vos encouragements. Les professionnels du funéraire ont réellement à gagner en se rapprochant de l’humain et du deuil. À ceux qui se reconnaissent dans les valeurs humaines portées par Les Flories, je veux leur dire de suivre simplement l’élan de leur cœur, car les familles et leur personnel le leur rendront. 
 
Résonance n° 204 - Juin 2024
 

Instances fédérales nationales et internationales :

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