Jacques nous emmène dans un polar qui au départ semble classique, les bases sont là, et bien là, pas d’erreur, seulement vite on entre dans cette histoire de vengeance sur fond historique, et là ce polar appartient à une autre catégorie celle du thriller historique, mélangeant la seconde Guerre Mondiale, et l’enquête qui a lieu de nos jours.
Jacques Saussey crédit photo Mathieu Bourgeois. |
Jacques Saussey est un orfèvre de l’écriture, chaque chapitre est ciselé de façon à vous entraîner plus avant dans votre lecture. Les détails qui traitent de la période seconde Guerre Mondiale sont extrêmement réalistes et surtout fort bien documentés, et c’est cette mince ligne entre les parties de pure fiction et celles avec la trame historique qui font que la magie opère, que nous sommes littéralement happés par la lecture, que l’on ne peut lâcher le livre.
Un livre où l’on apprend que la vengeance est un plat qui se mange froid, et là, croyez-moi, mettez des moufles, c’est glacial !
Autre bon point pour Jacques, c’est qu’il ne sombre pas dans cette mode gore, où l’on se doit de lire toutes sortes de tortures, plus perverses les unes que les autres sur des dizaines de pages sanguinolentes. Non, dans ce livre, l’âme humaine, l’histoire de notre pays, les passages sombres, glauques, de cette période suffisent à donner une atmosphère oppressante.
Conclusion, vraiment une lecture que je vous recommande pour vos vacances, tout comme les autres romans de Jacques Saussey, un auteur au succès croissant à découvrir rapidement !
Le résumé
Dans le sous-sol de la gare de Lyon, le jeune Minh Dao Tseung est froidement assassiné dans une cabine photographique, à l'aide d'une seringue remplie d'héroïne presque pure. Sa mort semble liée à celle d'un autre jeune, Stéphane Bourdais, dont le cadavre a été retrouvé quelques jours plus tôt dans un jardin public, apparemment victime d'une overdose. Les seringues retrouvées sur les deux cadavres sont identiques.
Deux des trois témoins ayant aperçu le meurtrier, sont exécutés rapidement, au nez et à la barbe de la police qui surveille la gare.
Dans le XIIe arrondissement, un monte-en-l'air acrobate prend tous les risques pour récupérer un cahier dissimulé dans un abri, sur le toit d'un garage proche de l'appartement de Minh.
Une lettre anonyme parvient alors au commissariat du Xe arrondissement, rue Bancel, avec en pièce jointe la copie d'un document codé, totalement incompréhensible. Le courrier explique que la mort des deux jeunes est liée au vol de la lettre cryptée, une semaine plus tôt, dans le coffre-fort d'une villa d'Antony.
Le capitaine Daniel Magne et la jeune APJ Lisa Heslin vont tout mettre en œuvre pour percer le secret du cryptage du document mystérieux, et vont se retrouver plongés dans une course contre la montre pour tenter de stopper les meurtres qui se succèdent.
Leurs recherches les amèneront jusqu'en Bretagne, où le passé lié à la deuxième Guerre Mondiale ne demande qu'à resurgir.
Une citation
Magne sortit sa carte de police, qu'il lui présenta devant ses épaisses lunettes à monture d'écaille. Un haussement de sourcil fut la seule réponse du vieillard, dont l'attitude hostile révélait en quelle estime il tenait la police française.
"J'ai déjà un calendrier de La Poste et des pompiers, merci…"
L’entrevue
Sébastien Mousse : Bonjour Jacques, désolé, je suis à la bourre, cet entretien aurait dû avoir lieu il y a un peu moins de quatre ans. "De sinistre mémoire" est ton second roman, mais le premier édité, c’est un livre avec une trame historique très présente, beaucoup de travail de recherche ?
Jacques Saussey : Oui, dans les archives de la ville d'Hennebont, dans le Morbihan, où je suis allé piocher les détails réels qui devaient accrocher mon intrigue à l'Histoire. Je ne suis pas historien et il me fallait du concret pour relier ma trame criminelle à un certain nombre de souvenirs d'enfance, glanés dans ma propre famille, qui m'ont donné envie d'écrire ce drame. J'ai fait de nombreuses recherches également en ce qui concerne le cryptage des documents des belligérants durant la deuxième Guerre Mondiale, dont je n'avais pas la moindre idée auparavant. J'ai même trouvé sur le Web un logiciel qui reproduisait le fonctionnement exact, et particulièrement tordu, de la machine que je décris dans ce livre.
SM : La période la seconde Guerre Mondiale est une période qui fascine beaucoup de gens de nos générations, car nos grands-parents nous l’ont souvent contée, c’est le cas pour toi ?
JS : Nos parents et grands-parents ont traversé et survécu à des conflits dont nous n'avons qu'une vision déformée par la distance des années. Mais lorsqu'ils délivrent leurs témoignages, l’œil sombre, le front plissé par leurs souvenirs "De sinistre mémoire", ils nous permettent d'en mesurer la noirceur, ou du moins d’en apercevoir certains reflets qui ont perduré au fond d'eux-mêmes. C'est ce qui m'a donné l'idée de me servir de cette période difficile de l'histoire du monde moderne pour construire ce roman.
SM : Quand ton premier ouvrage "Quatre racines blanches" a été édité en livre de poche, Franck Thilliez a dit, en parlant de toi : "Un nouveau talent du polar est né", il avait raison non ?
JS : Si c'est ce que pense un lecteur en refermant l'un de mes romans, je suis le plus honoré des auteurs !)
SM : Si tu devais faire lire "De sinistre mémoire" à une personne, réelle ou fictive, qui serait-elle ?
JS : Pierre Boileau et Thomas Narcejac. Ils ont été parmi les premiers à éveiller mon amour du roman noir, lorsque je les ai découverts dans les années 70 avec "Les Diaboliques". J'aurais adoré connaître leur avis sur ce livre.
SM : Et si l’on doit écouter une musique en lisant ce livre, laquelle ?
JS : J'ai écrit ce polar en écoutant du hard-rock. Deep Purple, Black Sabbath, Led Zeppelin... la crème des chevelus énervés des années 60 et 70. Mais on peut aussi choisir de l'accordéon. C'était l'époque...
SM : Quelle est ton actualité littéraire du moment Jacques ?
JS : Mon sixième roman paraîtra fin 2014 ou début 2015, mais je ne peux pas en parler plus avant pour l'instant. Le septième, "Sens Interdits", sortira a priori en février 2015 aux éditions Mosésu. Je l'ai spécialement écrit pour la collection "L'Embaumeur", un personnage récurrent proposé à et adapté par une foultitude d'auteurs dans l'esprit du "Poulpe". Un exercice qui m'a permis de m'extraire de mon univers habituel d'écriture durant six semaines denses et passionnées.
SM : Jacques, un grand merci pour m’avoir accordé ce moment pour les lecteurs de Résonance.
JS : Merci à toi, Sébastien !
Pour en savoir plus : http://www.jacques-saussey-auteur.com/une_cartouche_de_noir/Accueil.html
Sébastien Mousse
Thanatopracteur et directeur littéraire
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