Nicolas Delestre n’est pas un inconnu dans notre petit monde de la thanatopraxie. Il étudie en effet depuis dix ans l’histoire de l’embaumement, et nous fait régulièrement profiter de ses travaux, notamment par le biais du site qu’il a créé, consultable à cette adresse : www.embaumements.com.
Nicolas Delestre. |
Dans son entreprise de vulgarisation, il met un point d’honneur à n’utiliser que des sources de première main, et tord le cou à certaines légendes et à des clichés bien ancrés. Avec une rigueur extrême, il remet en lumière des hommes et des faits tombés à tort dans l'oubli et enseigne aujourd'hui l'histoire de l'embaumement à l'AFITT, l'école de thanatopraxie fondée par une des grandes figures de la thanatopraxie française, Michel Guenanten.
Son premier ouvrage sur le sujet, très attendu, intitulé "Petite histoire de l’embaumement en Europe au XIXe siècle" paraîtra en septembre aux éditions du Murmure. Ayant eu le privilège de le découvrir en avant-première, je ne résiste pas au plaisir de donner l’eau à la bouche à toutes celles et à tous ceux, qu’ils soient ou non du métier, qui sont curieux de le découvrir.
Ne passons pas les deux préfaces, très intéressantes, écrites par Michel Guenanten et Philippe Charlier, avant de nous plonger dans la première partie du livre, consacrée à l’analyse de ce que sont les principes de l’embaumement à travers le temps et dans laquelle Nicolas Delestre élargit volontairement son propos, afin de ne pas le restreindre à ce tournant de l’histoire des sciences qu’est le XIXe siècle. Cela s’avère nécessaire pour comprendre que l’embaumement n’est pas né en Égypte, contrairement aux idées reçues.
L’ouvrage se découpe ensuite en plusieurs chapitres, dont chacun est consacré à une technique particulière de préservation de la dépouille humaine, comme l’injection, la pétrification ou encore l’anthropo-taxidermie. Nous découvrons au fil des pages des génies comme Tranchina, Boissié-Sucquet et bien d’autres, qui mirent au point des techniques encore utilisées de nos jours, et constatons avec étonnement que les Belges furent les premiers à utiliser le formol, par un procédé de vaporisation à l’époque.
Par cet ouvrage, aussi instructif que passionnant, Nicolas Delestre réussit brillamment l’exercice d’être à la fois érudit et accessible. Son livre deviendra sans doute aussi incontournable que "Pratique de la thanatopraxie", de Michel Durigon et Michel Guenanten, pour tous les élèves thanatopracteurs qui rêvent de marcher dans les pas de tous ces personnages qui ont fait de cette science un art ; mais également pour toutes celles et tous ceux, qu’ils soient ou non professionnels de la mort, qui souhaitent se plonger dans l’évolution des pratiques funéraires à travers le temps.
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Claire Sarazin
Thanatopracteur et formatrice en thanatopraxie
Résonance n°130 - Mai 2017
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