Originaire de Métabief, une charmante station de ski du Haut-Doubs, Sophie Macle travaille depuis 6 ans déjà dans une agence de pompes funèbres de Pontarlier. Assistante funéraire et maître de cérémonie, elle s’occupe également des défunts en leur prodiguant des soins cosmétiques.
Ce n’est pas un hasard si cette tâche lui est spécialement dévolue, puisqu’il y a encore quelques années, Sophie possédait son propre salon d’esthétique. Elle y a travaillé pendant 13 ans, après avoir étudié à la prestigieuse École internationale d’esthétique de Paris, sur les Champs-Élysées. Elle raconte : "Des études très onéreuses, mes parents ont beaucoup investi dans ma formation professionnelle et aujourd’hui ma mère me reproche parfois en plaisantant d’avoir fait tout cela pour travailler dans les pompes funèbres aujourd’hui. Mais moi je suis très fière de mon parcours".
Après avoir vendu son affaire pour travailler dans le restaurant de son mari, elle se retrouve après son divorce seule et sans emploi avec deux enfants à charge. "Personne ne voulait m’embaucher parce que j’avais été patronne ou parce que j’étais seule avec mes enfants. À cause de mon physique, on ne me proposait que des postes dans la vente, qui ne me correspondaient pas". Et puis un jour, sa boulangère l’accueille en lui disant qu’elle lui a trouvé du travail. "Elle m’a appris que les pompes funèbres et marbrerie Prévitali recrutaient. J’ai d’abord eu un réflexe de recul". En effet, jusque-là, jamais Sophie n’avait envisagé de faire carrière dans le funéraire. "Si on m’avait dit que je ferais ce métier un jour, je ne l’aurais pas cru. Je ne m’étais jamais intéressée à ce secteur et cela m‘effrayait un peu".
Sa situation financière devient critique au bout d’un an de chômage et elle se présente tout de même aux pompes funèbres où elle rencontre le patron, Hervé Prévitali. "J’ai demandé à faire un essai de 15 jours avant de m’engager, je ne savais vraiment pas si ça allait me convenir. Pour mon premier décès, j’étais aussi affolée que ma cliente. Je n’avais jamais vu de mort".
C’est ainsi que Sophie démarre sa nouvelle carrière en mars 2007 aux Pompes funèbres Prévitali, devenues aujourd’hui les pompes funèbres de Pontarlier. "M. Prévitali a été formidable avec moi, Je crois qu’on s’est tous les deux trouvés au bon moment. Il m’a tout appris. Je suis brutalement passée d’un monde de femmes, l’esthétique, à un monde d’hommes mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens gentils comme mon patron ou Frédéric Vuillemez, le directeur du centre de formation Thanatopraxie Art et Technique, qui a été mon collègue avant de reprendre l’agence de Maîche. Ils ont su me respecter, me prendre au sérieux et me pousser à évoluer. J’ai fait mon niveau 4 et j’ai fait le stage de cosmétique post mortem d’Hélène Brunelle, que j’avais déjà croisée lorsque j’ai passé le diplôme Make up Forever à Paris".
Petit à petit, Sophie apprend le métier et se rend compte qu’il lui plaît. "J’affectionne ce que je fais, j’en serais malade si je devais changer maintenant. On me prend pour une folle lorsque je dis ça, mais on ne peut pas faire ce métier si on ne l’aime pas et surtout si on n’aime pas les gens. C’est un métier de cœur, il faut aimer rendre service. Je fais mon possible pour rendre les défunts beaux, par respect. En tant que maître de cérémonie, je dis des prières en m’adaptant à la religion de chacun. Je n’ai pas l’impression d’en faire trop, c’est instinctif chez moi. Le respect appelle le respect. Je pose des questions sur la manière dont une défunte se coiffait ou se maquillait, je suis à l’écoute des gens, c’est essentiel dans cette profession".
Polyvalente, Sophie ne se contente pas d’organiser les obsèques et de maquiller les défunts, elle est également sollicitée pour les réquisitions de police. "J’aime être sur le terrain, aller prendre les mesures des caveaux et les empreintes dans les cimetières, être en contact avec les gardiens de ces lieux et créer des projets pour des monuments funéraires et cinéraires en collaboration avec les familles, en respectant leur choix, leurs envies et leur budget pour qu’elles donnent une sépulture digne à leur défunt. Je ne pourrais pas rester uniquement au bureau".
Depuis l’an dernier, elle donne également des cours de cosmétique au centre de formation Thanatopraxie Art et Technique. "J’adore transmettre mon savoir et en faire profiter d’autres qui pourront apporter à leur tour le même service que moi".
Intarissable sur son métier, Sophie conclut : "J’ai la chance de pouvoir me rendre utile à ce moment de la vie. Quand un bébé naît, tout le monde vient le voir, quand on meurt on a le droit de partir aussi dignement qu’on est arrivé. À la naissance, on n’a pas vraiment d’identité et quand on meurt, on porte les traces de son vécu. J’espère que celles et ceux qui ont traversé comme moi une période difficile, pourront s’épanouir comme moi dans leur métier. Il ne faut jamais baisser les bras, il y a toujours au-dessus de nous une petite étoile qui brille".
Claire Sarazin,
thanatopracteur.
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