C’est en avril 2019 que Charlotte Januel, jeune diplômée, crée son entreprise à Mésandans, dans le Doubs, sans se douter que la profession s’apprête, à l’instar du reste du monde, à connaître des bouleversements qui la conduisent à mettre temporairement son activité en pause après des débuts prometteurs.
Sa patience et sa motivation lui permettent pourtant de traverser cette période difficile et c’est toujours avec le même enthousiasme qu’elle reprend ses valises en septembre 2021 pour proposer ses services aux pompes funèbres du Doubs, de la Haute-Saône, du Territoire de Belfort et du Haut-Rhin.
Pour Charlotte, ancienne ambulancière, l’aventure commence par une rencontre il y a cinq ans, lorsqu’elle croise la route d’un thanatopracteur. "Trop éprouvée quotidiennement par la souffrance et la détresse des personnes que je prenais en charge, je voulais me réorienter".
L’idée fait son chemin et après une longue hésitation, elle décide d’entreprendre sa reconversion professionnelle : "Je me suis demandé si j’allais être à la hauteur, car c’est un métier qui peut être éprouvant, physiquement parfois, psychologiquement souvent. Mais les aspects positifs sont bien plus nombreux de mon point de vue".
Charlotte part alors à Paris, afin d’y suivre les cours de l’EFFA, puis, après avoir obtenu son concours, entre en stage dans une entreprise de sa région. Au terme de "deux années éprouvantes, cependant très riches en connaissances et en rencontres", le diplôme national est au bout du chemin.
Elle fait alors le choix de créer son entreprise : "Cette décision a été compliquée, c’est difficile de se faire sa propre idée en débutant dans un domaine où on a tout à apprendre. Les personnes qui m’ont enseigné la thanatopraxie ont su me transmettre leur vision de la profession et c’est ce qui m’a permis de peser le pour et le contre et, surtout, de trouver la manière de l’exercer qui me correspond le mieux".
Le plus important pour Charlotte est, avant tout, de rester en accord avec ses valeurs : "Exactement comme ce que j’avais pu voir lors de ma formation pratique". Ainsi, l’idée de travailler à échelle humaine s’est imposée comme une évidence : "Cela me permet en outre, de m’organiser et d’avoir la chance de pouvoir prendre tout mon temps sur des cas plus compliqués, par exemple".
Depuis, elle s’épanouit chaque jour dans ce métier : "Je prodigue des soins de conservation aux défunts. Cela consiste à injecter une solution conservatrice et à drainer les liquides biologiques du corps. C’est très technique. C’est ce qui prime au moment du soin et qui permet de prendre une certaine distance".
La thanatopraxie, une profession qui est avant tout une passion pour Charlotte et qui lui a fait, plus que jamais, prendre conscience de la valeur de la vie : "Cela m’incite à prendre du recul sur beaucoup de choses. Ce métier m’a changée, il m’a fait grandir. Chaque corps a une histoire à raconter et chaque jour j’apprends. Je ne me repose jamais sur mes acquis et j’essaie de m’améliorer chaque jour, ce qui est primordial pour moi".
Comme elle s’occupe des défunts, elle a parfois l’impression d’être perçue comme quelqu’un d’insensible : "C’est tout le contraire, je suis tellement sensible que je soigne les morts".
Claire Sarazin
Thanatopracteur
Formatrice en thanatopraxie
Résonance numéro spécial n° 13 - Décembre 2021
Résonance numéro spécial n° 13 - Décembre 2021
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