Former sans déformer
Le recrutement des personnels n’est pas une mince affaire et il arrive parfois que nous fassions des choix inappropriés. Les a priori se paient cher et, comme il n’existe pas de remède miracle, nous nous en remettons aux différentes dispositions législatives et réglementaires de notre profession concernant la formation. La formation initiale ne faisant pas tout, il est indispensable de faire appel à la formation continue afi n de permettre aux salariés de parfaire leurs acquis. Tiens, la part de l’inné et de l’acquis dans la construction d’une personne, ça ne vous rappelle rien ? Bien évidemment, nous naissons tous avec un capital lié à notre patrimoine génétique issu de nos parents, "bagage hériditaire" qui se confi rme par la manifestation de traits de caractère particuliers qui se dévelop-peront en fonction de notre environnement culturel, social et de notre éducation.
Si une personnalité née avec des capacités intellectuelles importantes se trouvait plongée dès sa naissance dans un climat particulièrement défavorable, voire néfaste, il y a fort à parier qu’elle n’irait pas loin dans la vie, aussi intelligente soit-elle. L’acquis est donc essentiel afi n de faire valoir l’inné. L’éducation est donc un vecteur essentiel de valorisation de l’humain par la manifestation des valeurs inculquées depuis son plus jeune âge. La synthèse de l’inné et de l’acquis peut être rapprochée du concept "transcendantal" de Kant. Ce dernier dit que, si toute connaissance commence avec l’expérience, elle ne dérive pas pour autant de celle-ci car, pour en avoir une, encore faut-il disposer de cadres aptes à la réveiller ; et ces cadres qui sont des conditions de possibilité de l’expérience, ne sont pas eux-mêmes empiriques (ils ne découlent pas de l’expérience).
Pour revenir à la formation des personnels, nous sommes pratiquement dans le même cas de fi gure. Le formateur est la pièce centrale du dispositif, celle qui va façonner l’homme nouveau de demain, qui va contribuer à l’expression du sens en domaine contextuel. Encore faut-il que celui-ci soit du niveau attendu. De ce point de vue, nous sommes très nombreux à avoir des doutes, de gros doutes. Soit il possède une expérience irréfragable doublée d’un sens pédagogique reconnu ; soit, après avoir suivi une formation thématique, il s’autoproclame formateur. La déformation est en marche…
Les grandes enseignes ont bien compris les dangers représentés par les appren-tis sorciers de la branche. L’offre formation des "majors" du funéraire est non seulement crédible, mais elle porte ses fruits, et c’est bien le moins que l’on puisse en attendre.
Le législateur serait vraiment bien inspiré de remettre l’église au centre du village et de rappeler les fondamentaux. On ne s’intitule pas formateur par sa simple volonté. Un enseignant fait valoir ses titres afi n de dispenser son savoir dans l’enseignement. Rien de plus naturel, me direz-vous ? Il faut croire que non, si l’on en juge par les nombreuses réfl exions désabusées ed’entreprises. Une formation réalisée en dépit du bon sens impacte durablement celui qui la reçoit, c’est même une véritable catastrophe humaine et professionnelle. Tout est à reprendre, il faut reformater "le disque dur". Perte de temps, coût fi nancier et humain.
Alors que faire ? Exiger les qualifi cations des intervenants et le thésaurus précis de la formation. Parcourir le chemin d’expérience vérifi é du formateur et ne pas hésiter à lui poser des questions. Les grandes enseignes répondent déjà à cela car elles en comprennent bien les enjeux. Le contexte économique actuel est perturbant, voire anxiogène… La formation devient alors un investissement matériel et humain important pour une PME. L’étudiant porte les attentes de son entreprise, forge son avenir avec elle, reçoit, avant d’être un jour lui aussi en capacité de transmettre. Ainsi va la vie… Mais, pour que cela puisse devenir une réalité souriante, l’usage du balai semble une priorité, affaire d’intérêt général et de bien commun, et sur ce point, nous sommes tous d’accord, me semble-t-il.
Maud Batut
Rédactrice en chef
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