La fidélité est-elle un dilemme ?
La fidélité n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, tant d’un point de vue théorique que pratique. Étymologiquement, celle-ci s’appelle ainsi parce qu’on fait ce qu’on a dit et "cochon qui s’en dédit". L’engagement contracté - qu’il soit relation commerciale, adhésion à un concept, à un réseau, etc. - se doit donc d’être inamovible ou du moins constant dans la durée déterminée préalablement.
La fidélité est un devoir qui nous oblige non seulement à être mais aussi à rester quoi qu’il arrive attaché à l’obligation et/ou la convention souscrites. Elle suppose que l’on se fasse violence pour rester fidèle à ce que l’on aime, à nos devoirs, à ceux en qui nous avons confiance, en qui nous avons foi.
Les mots latins fides (foi) et foedus (pacte, accord, alliance) proviennent d’une même racine indo-européenne, "beidh", qui a donné également en grec "pistis" et qui suggère d’une manière générale l’idée de confiance. Du fait que cette dernière se donne et se reçoit, la valeur du mot "foi" oscille entre le sens actif de "faire confiance" (avoir foi, avoir la foi) et le sens passif d’"inspirer confiance" (faire foi, être digne de foi, jouir d’un crédit, être fiable). D’où la possibilité d’une fidélité construite sur une vraie confiance.
Malheureusement, l’évolution des mœurs nous fait distinguer aujourd’hui la fidélité de la foi. Les raccourcis de langage tels que "ma foi" ou encore "sur ma foi" n’ont plus cours mais d’autres reprennent vigueur tels que "digne de foi" ou un écrit qui "fait foi" ou encore un "témoignage fidèle".
La fidélité est aussi une rectitude qui s’impose comme une vérité mais, avouons-le, celle-ci peut revêtir parfois les habits du dilemme, cet argument présentant au choix deux propositions dont l’une est nécessairement vraie si l’autre est fausse, et qui conduisent à une même solution, laquelle s’impose donc de manière absolue notamment en matière de logique formelle.
Dans les débats contemporains, il est souvent question de dilemmes éthiques ou moraux, qu’on appelle également "conflits de valeurs", situations où les vertus et les principes entrent en opposition et rendent les décisions difficiles. Il faut donc choisir entre deux actions différentes qui s’excluent mutuellement. Il s’agit d’une alternative éthique quand le choix effectué entraîne des conséquences sérieuses, positives ou négatives, pour le décideur et pour autrui. Intervient alors le concept de fidélité dans la décision finale.
À chaque instant de notre vie privée ou professionnelle, nous sommes confrontés à des choix. Certains sont simples d’autres se révèlent complexes et souvent lourds de conséquences. Alors comment effectuer ces choix si ce n’est en faisant appel à la raison, notre raison, notre capacité bien humaine à prendre une décision qui engage, qui sera l’expression de notre convenance personnelle, bref une décision qui sera morale à nos yeux. Le devoir de fidélité à nous-mêmes est donc cette obligation qui nous est faite non seulement d’être mais, bien plus, de rester attachés à nos affections et à nos devoirs.
Ainsi, en toutes choses, restons fidèles aux origines, à ce que nous sommes, à nous-mêmes ainsi qu’à notre image. "Je suis ce que je suis, je suis celui qui suis, je suis…"
Maud Batut
Rédactrice en chef
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