Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué
C’est presque un serpent de mer auquel s’attaquent tous les gouvernements successifs depuis les années soixante-dix. La simplification administrative qui, il faut le reconnaître, malgré de gros efforts, se complique de jour en jour, à tel point que, par moments, on est amené à penser que Kafka est aux commandes.
La lourdeur administrative s’est quand même allégée sur quelques secteurs, ne serait-ce que par la généralisation d’Internet et la relation qu’il entraîne avec certains services publics. Aujourd’hui, il est désormais possible d’obtenir rapidement des documents grâce à ce média… Ayons toutefois une pensée émue pour les personnes âgées, qui n’ont pas toujours quelqu’un d’équipé à leurs côtés pour les aider à faire les nombreuses démarches numériques qui leur sont maintenant imposées. L’interaction avec les services publics joue un rôle crucial dans l’appréciation que le citoyen peut avoir de la gouvernance en général.
Mais, d’un autre côté, l’impact de la capacité des entreprises à remplir leur mission est non négligeable, cela peut générer des coûts supplémentaires, le tout pour un résultat ne correspondant pas toujours aux performances attendues. Il faut à l’analyse distinguer trois grands facteurs relatifs au fardeau administratif, selon une étude réalisée par Herd et Moynihan en 2018.
1 - Les coûts d’apprentissage : Les pertes de temps consacrées à rechercher des informations sur un dispositif ou un service, à vérifier son éligibilité, les conditions à remplir et les modalités d’accès…
2 - Les coûts de conformité : La fourniture de renseignements pour attester de l’éligibilité, les coûts financiers associés à l’accès aux services, ainsi que les coûts engagés pour s’affranchir de demandes discrétionnaires de gestionnaires…
3 - Les coûts psychologiques : Le sentiment de dévalorisation, la perte d’autonomie liée à un service administratif intrusif, la frustration d’avoir à faire face à des coûts d’apprentissage et de conformité et à des procédures suggérées injustes ou superflues, sans oublier le stress quant à la capacité à les respecter et à faire face aux coûts de conformité…
Tout ceci nous rappelle une citation restée célèbre d’un ancien Premier ministre en 1966, Georges Pompidou, qui disait en substance devant un parapheur chargé de décrets : "Arrêtez d’emmerder les Français, il y a trop de lois dans ce pays, on en crève, laissez-les vivre, et vous verrez, ça ira beaucoup mieux." Hélas, si quelque chose ne connaît pas la crise, c’est bien l’activité du flot législatif, qui, en 2021, battait un record, avec 125 ordonnances publiées. Il faudrait un mois entier pour parcourir les 89 185 articles en vigueur…
La tête nous tourne, car, pour les entreprises et notamment les entreprises funéraires, cette masse législative et réglementaire peut être vécue comme un frein à l’activité, notamment par rapport à nos voisins européens qui, pour certains, s’embarrassent de moins de textes pour une efficacité et une efficience supérieure à la nôtre.
Le vrai défi de la compétitivité réside sans doute dans une simplification administrative, mais elle doit être pensée intelligemment car pour vivre en société, il faut des lois, des règles, nous sommes tous d’accord là-dessus. Il faut également donner à l’Administration les réels moyens de les appliquer et de les faire respecter. C’est un sujet de réflexion et un beau et difficile chantier à mener pour les prochaines années, mais ensemble, acteurs du funéraire réunis, nous pouvons nous y atteler sans crainte car c’est aussi la perspective d’un avenir meilleur que nous pourrons offrir aux familles endeuillées.
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef
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