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Le rapport à la mort est-il avant tout notre rapport à la vie ?


Il est des sujets qui reviennent, tels les serpents de mer. On ne sait d’où ils viennent, et encore moins où ils vont. Bref, ils sont vieux comme le monde, et notre société contemporaine revisite le sujet en l’embellissant de ses travers, notamment ceux des réseaux sociaux, anxiogènes s’il en est. "La charge mentale" est donc "le" sujet de ce XXIe siècle naissant et déjà si prolifique en conflits, événements et catastrophes de tout poil.

"Lorsque j’entends le mot charge mentale, je sors ma cellule psychologique", paraphrasant ainsi l’hagiographie héroïque du très douteux Albert Leo Schlageter (1894-1923), il faut reconnaître que notre société vit sous le registre de l’assistance exacerbée et tous azimuts. Si la charge mentale est parfaitement identifiée avec des conséquences néfastes pour celle ou celui qui en est atteint, il ne faut cependant pas que cette pathologie devienne un fourre-tout prétexte au grand n’importe quoi auquel l’effet de mode et le panurgisme ambiant ne sont pas étrangers.

Qu’est-ce que la charge mentale et comment est-elle définie ? La charge mentale au travail désigne la charge mentale (ou charge cognitive) appliquée au monde professionnel. Elle quantifie les sollicitations du cerveau pendant l’exécution du travail et permet d'identifier les contextes de surcharge mentale, potentiellement à risques pour l'individu.

La notion de mémoire de travail est centrale dans la compréhension et la définition qui peuvent être faites de la surcharge mentale. Elle stipule notamment que le système cognitif d'un individu dispose de capacités limitées pour traiter les informations entrantes, capacités qu'il est donc possible d'atteindre dans le cas d'une tâche particulièrement exigeante. Il est clair que les métiers du funéraire peuvent générer sur certaines personnes des effets de saturation dus au contexte particulier de l’exercice. "Le funéraire, soit tu pars dans les 10 minutes, soit tu restes 30 ans" est une formule souvent entendue qui résume bien ce à quoi un nouvel entrant peut être confronté.

Cette rencontre est avant tout avec soi-même, avec le rapport que l’on a avec la mort. Faire son introspection est un chemin délicat. Nous tous sommes envahis de peurs, petites ou grandes. Peur de la mort, de sa propre mort, de celle de ses proches, peur de la solitude, peur de perdre ses acquis, peur d’une séparation… notre chemin est jalonné par ce sentiment. La peur a cependant ses remèdes, et ainsi va notre rapport à la vie, notamment par la promesse d’un ailleurs après la mort par le biais de la foi. Il y a également ceux qui considèrent que Dieu est mort, si l’on se réfère à une célèbre citation du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Le chat se mord la queue, car nous revenons toujours au même sentiment d’incertitude. Comment donc, au sein de nos opérations funéraires, pouvons-nous atténuer ce sentiment naturel face à ce destin commun de l’humanité ? Une des réponses est de dire que l’expression commune d’une volonté altruiste anime l’essentiel de notre profession.

L’accompagnement des familles en situation vulnérable consécutive à la perte d’un proche, l’empathie naturelle transcendée par ces circonstances particulières, tous ces sentiments font que les opérateurs funéraires, conscients de leurs responsabilités, donnent un magnifique exemple d’humanisme et, en cela, dépassent eux-mêmes l’impact de ces sentiments variés qui pourraient les impacter, atténuer ou être ainsi préjudiciables à leur exercice.

L’important en fin de compte n’est pas de minimiser notre ressenti sur la mort, ses aspects et son côté inéluctable, mais bien de faire face à la vie, à ce que nous sommes, ce que nous représentons, ce que l’on attend de nous. Cette posture sert le bien commun avant tout, mais elle sert également et de façon positive l’équilibre nécessaire que nous devons entretenir entre nos incertitudes et l’élaboration du sens dans le domaine contextuel de la mort. C’est ce que l’on attend de nous, la mission de confiance pour les familles, et en cela nous sommes inconsciemment, dans un moment donné, les clés de voûte essentielles d’un édifice délicat, généreux et sensible. Ainsi va la vie…
 
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef

Instances fédérales nationales et internationales :

FNF - Fédération Nationale du Funéraire FFPF - Fédération Française des Pompes Funèbres UPPFP - Union du Pôle Funéraire Public CSNAF - Chambre Syndicale Nationale de l'Art Funéraire UGCF - Union des Gestionnaires de Crématoriums Français FFC - Fédération Française de Crémation EFFS - European Federation or Funeral Services FIAT-IFTA - Fédération Internationale des Associations de Thanatoloques - International Federation of Thanatologists Associations