Marketplace ou café du commerce ?
La tenue d’un salon professionnel est toujours un événement majeur, car il est l’occasion de rencontres et de nouveaux échanges entre fabricants et opérateurs funéraires. C’est aussi le temps des rumeurs qui courent les moquettes des allées, ou des annonces… du transfert de X chez Y, du rachat de Z… en résumé, nous assistons à un véritable mercato. Seuls les grands habitués de la profession restent stoïques… Demain étant un autre jour.
Parmi les sujets souvent entendus, et sans en faire le florilège, il en est un qui attire cependant notre attention. Peu importe la source, le sujet prime. En l’occurrence, celui-ci est la cohésion, ou plutôt le manque de cohésion de la filière, qui aurait quelque peu tendance à s’atomiser. Cohésion… l’usage de ce substantif féminin est intéressant surtout dans sa définition donnée par le Centre de Ressources Textuelles et Lexicales : "Force d’attraction qui fait se tenir solidement entre elles les molécules d’un corps, qui en assure la cohérence physique". Intéressant résumé qui semblerait dire que notre profession est la résultante de forces convergentes qui tendent à maintenir l’unité des parties d’un ensemble. Ce caractère de solidité du lien logique qui unit entre eux des arguments, les parties d’un ensemble logiquement organisé, qu’en est-il en réalité ou plutôt, qui est-il ? Bonne question… vous avez 2 heures ?
L’un des effets majeurs de la loi de 1993 fut l’ouverture de la filière à la concurrence et donc, au fil des années, la création de nouvelles entités sous la forme d’enseignes, de groupes, de fédérations privées ou rassemblant les services publics encore en activité. 30 ans plus tard, force est de constater que quelques rares enseignes sont devenues de véritables poids lourds, et que l’opérateur historique leader de la branche est toujours l’opérateur historique leader de la branche. Serions-nous en mal de monopole que nous évoquions ainsi "le manque de cohésion" ? Les observateurs attentifs feront sans doute remarquer que nous sommes potentiellement plus en déficit de communication, et que parfois nous nous ignorons superbement au lieu de prôner un dialogue entre atomes de ce même corps en souffrance de cohésion. Il y a pourtant le travail remarquable de la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) qui œuvre avec permanence et bienveillance pour la tenue du Conseil National des Opérations Funéraires (CNOF), travail qu’il faut saluer, mais il faut vraisemblablement que les différents acteurs de la branche aillent plus loin. Dans cet esprit, il serait peut-être temps d’initier un rapprochement des positions extrêmes pour l’intérêt général et le bien commun, non pas de faire la révolution, mais bien de définir un sens de l’évolution marqué par l’intelligence visionnaire des entrepreneurs que vous êtes tous.
Antoine de Saint-Exupéry avait à cet effet une citation qui orne nombre de lieux où la recherche de la parole perdue est une vocation universelle : "Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis." Cette sentence mérite de méditer sur ce sujet délicat et sensible, et de trouver en chacun de nous l’énergie et le bon sens pour faire un pas les uns vers les autres et de mettre une bonne fois pour toutes les sujets épineux sur la table, puis de trouver les chemins d’une commune volonté : celle de respecter nos différences, mais de progresser en parallèle peut-être, mais en harmonie.
À l’heure où notre nation connaît de graves turbulences dont l’écho se porte au sein de notre représentation nationale, il est peut-être temps de ne pas se laisser déborder par cet esprit quelque peu réducteur, et de se rassembler non pas autour d’un homme providentiel, mais bien autour d’idées et de projets, pour tracer des perspectives communes plutôt que de creuser des fossés qui, in fine, ne servent les intérêts de personne… Radio moquette, vous avez dit ?
Steve La Richarderie
Rédacteur en chef
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