L’accompagnement des familles endeuillées après une mort inattendue est une question qui demeure difficile, qui interroge nos pratiques et particulièrement celle du professionnel funéraire devant faire face à de multiples difficultés : la réquisition, la préparation du corps bien souvent atteint dans son intégrité, la réception et la gestion des émotions douloureuses, la réalisation des démarches, l’organisation des obsèques, etc.
Brutale et inopinée
La mort inattendue se caractérise avant toute chose par son caractère brutal et inopiné et elle s’envisage de deux manières selon la classification médico-légale des décès :
- La mort subite : elle se produit chez un sujet a priori en bonne santé apparente et survient de manière inopinée avec une agonie brève. Il s’agit d’une mort dite naturelle (pas d’intervention d’un tiers). Les lieux de décès sont multiples : travail, domicile, lieux publics. Un examen complet (toxicologique, bactériologique, anatomopathologique), peut permettre de définir si elle est d’origine lésionnelle (rupture d’anévrisme, infarctus du myocarde), fonctionnelle (pas de cause morphologique visible, circonstances favorisantes comme l’ivresse, le froid), ou si elle reste inexpliquée.
- La mort violente : elle est secondaire à une intervention extérieure. Il peut s’agir d’un suicide, d’un homicide ou d’un accident. Elle devient suspecte lorsque les circonstances de survenue sont anormales (lésions externes de violence, dénonciations, lieux atypiques, etc.)
En dépit du fait que la mort soudaine soit considérée comme un événement extra-ordinaire, elle n’en demeure pas moins une réalité à laquelle plus de 40 000 familles sont confrontées chaque année.
Les données épidémiologiques nous indiquent notamment que la mort violente représente près de 10 % du nombre total des décès. Plus spécifiquement, pas moins de 12 000 décès sont consécutifs à un suicide, 20 000 décès à des accidents domestiques, 5 000 décès à un accident de la circulation, et environ 1 000 décès à un homicide. Ces données touchent toutes les tranches d’âge et à des degrés divers : les enfants, les adolescents et les adultes majorant alors bien souvent la complexité des situations rencontrées.
Le suicide constitue notamment la deuxième cause des décès chez les adolescents (14-19 ans). L’enfant ne semblerait d’ailleurs pas épargné par le suicide et cette question fait l’objet aujourd’hui de nombreux débats. Une enquête nationale a été diligentée sur ce douloureux sujet car même si cet événement dramatique demeure rare et ponctuel, vraisemblablement bon nombre des décès d’enfants répertoriés s’apparenteraient à des analogues suicidaires. Dans tous les cas, qu’elles soient naturelles (subites) ou violentes (suspectes), ces morts sont toujours ressenties et vécues comme insupportables, voire intolérables et particulièrement injustes. Leur brutalité ne permet pas de s’y préparer, de se projeter dans l’éventualité d’une disparition, de pouvoir tenter quelque chose pour essayer de sauver la vie de l’être aimé ou d’élaborer le sentiment d’avoir tout tenté pour éviter le drame.
Le choc de l’annonce du décès en est d’autant plus fort, d’autant plus déchirant car il n’y a pas eu pour les proches la possibilité d’amorcer ce que l’on appelle un pré-deuil ; c’est-à-dire de mettre en place un cheminement psychologique progressif, un au revoir partagé et un travail de séparation à la différence des situations de maladie chronique évolutive (qui n’en demeurent pas moins extrêmement bouleversantes) où un accompagnement a été possible et où le décès a été annoncé comme une éprouvante réalité à venir.
La soudaineté de la mort vient alors s’ajouter au chagrin et à la douleur. Elle constitue dans le travail de deuil un facteur de difficulté supplémentaire, tout comme la violence de la mort (les circonstances de survenue, l’altération du corps) et les modalités d’annonce du décès (par un tiers, par téléphone, après la découverte inopinée dans un lieu familier). De plus, il n’est pas rare qu’un obstacle médico-légal soit formulé lorsque les circonstances du décès sont plus ou moins bien établies à l’issue de la découverte du corps et des premières constatations. La situation prend alors une dimension judiciaire avec l’ouverture d’une enquête de police ou de gendarmerie et la réalisation d’investigations post mortem plus approfondies telles que l’examen du corps et l’autopsie médico-légale (décision prise par le procureur de la République).
L’enchaînement des procédures est particulièrement complexe pour ces familles qui se retrouvent doublement désemparées, à la fois par la mort de l’être aimé et par la tournure judiciaire des évènements. Elles sont souvent mal informées du déroulement des opérations judicaires et dans la plupart des cas livrées à elles-mêmes, dans un sentiment d’isolement total, et dans l’angoisse et l’attente de savoir si elles pourront ou non se recueillir auprès de leur défunt. Les peurs et les représentations sont multiples et extrêmement dévastatrices, particulièrement en ce qui concerne l’autopsie médico-légale, vécue comme une réelle intrusion, un acte mutilant et destructeur.
L’ensemble de ces facteurs peut venir compliquer, voire entraver, le cheminement psychologique et le bon déroulement du travail de deuil. Néanmoins, la résolution n’en est pas pour autant impossible et il serait erroné de croire que l’on ne puisse jamais surmonter cette épreuve ou "faire son deuil". Mais pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, se sentir reconnu dans sa souffrance, et trouver un soutien le plus réconfortant possible. C’est bien de ce soutien dont il est question dans notre propos.
La mort inattendue se caractérise avant toute chose par son caractère brutal et inopiné et elle s’envisage de deux manières selon la classification médico-légale des décès :
- La mort subite : elle se produit chez un sujet a priori en bonne santé apparente et survient de manière inopinée avec une agonie brève. Il s’agit d’une mort dite naturelle (pas d’intervention d’un tiers). Les lieux de décès sont multiples : travail, domicile, lieux publics. Un examen complet (toxicologique, bactériologique, anatomopathologique), peut permettre de définir si elle est d’origine lésionnelle (rupture d’anévrisme, infarctus du myocarde), fonctionnelle (pas de cause morphologique visible, circonstances favorisantes comme l’ivresse, le froid), ou si elle reste inexpliquée.
- La mort violente : elle est secondaire à une intervention extérieure. Il peut s’agir d’un suicide, d’un homicide ou d’un accident. Elle devient suspecte lorsque les circonstances de survenue sont anormales (lésions externes de violence, dénonciations, lieux atypiques, etc.)
En dépit du fait que la mort soudaine soit considérée comme un événement extra-ordinaire, elle n’en demeure pas moins une réalité à laquelle plus de 40 000 familles sont confrontées chaque année.
Les données épidémiologiques nous indiquent notamment que la mort violente représente près de 10 % du nombre total des décès. Plus spécifiquement, pas moins de 12 000 décès sont consécutifs à un suicide, 20 000 décès à des accidents domestiques, 5 000 décès à un accident de la circulation, et environ 1 000 décès à un homicide. Ces données touchent toutes les tranches d’âge et à des degrés divers : les enfants, les adolescents et les adultes majorant alors bien souvent la complexité des situations rencontrées.
Le suicide constitue notamment la deuxième cause des décès chez les adolescents (14-19 ans). L’enfant ne semblerait d’ailleurs pas épargné par le suicide et cette question fait l’objet aujourd’hui de nombreux débats. Une enquête nationale a été diligentée sur ce douloureux sujet car même si cet événement dramatique demeure rare et ponctuel, vraisemblablement bon nombre des décès d’enfants répertoriés s’apparenteraient à des analogues suicidaires. Dans tous les cas, qu’elles soient naturelles (subites) ou violentes (suspectes), ces morts sont toujours ressenties et vécues comme insupportables, voire intolérables et particulièrement injustes. Leur brutalité ne permet pas de s’y préparer, de se projeter dans l’éventualité d’une disparition, de pouvoir tenter quelque chose pour essayer de sauver la vie de l’être aimé ou d’élaborer le sentiment d’avoir tout tenté pour éviter le drame.
Le choc de l’annonce du décès en est d’autant plus fort, d’autant plus déchirant car il n’y a pas eu pour les proches la possibilité d’amorcer ce que l’on appelle un pré-deuil ; c’est-à-dire de mettre en place un cheminement psychologique progressif, un au revoir partagé et un travail de séparation à la différence des situations de maladie chronique évolutive (qui n’en demeurent pas moins extrêmement bouleversantes) où un accompagnement a été possible et où le décès a été annoncé comme une éprouvante réalité à venir.
La soudaineté de la mort vient alors s’ajouter au chagrin et à la douleur. Elle constitue dans le travail de deuil un facteur de difficulté supplémentaire, tout comme la violence de la mort (les circonstances de survenue, l’altération du corps) et les modalités d’annonce du décès (par un tiers, par téléphone, après la découverte inopinée dans un lieu familier). De plus, il n’est pas rare qu’un obstacle médico-légal soit formulé lorsque les circonstances du décès sont plus ou moins bien établies à l’issue de la découverte du corps et des premières constatations. La situation prend alors une dimension judiciaire avec l’ouverture d’une enquête de police ou de gendarmerie et la réalisation d’investigations post mortem plus approfondies telles que l’examen du corps et l’autopsie médico-légale (décision prise par le procureur de la République).
L’enchaînement des procédures est particulièrement complexe pour ces familles qui se retrouvent doublement désemparées, à la fois par la mort de l’être aimé et par la tournure judiciaire des évènements. Elles sont souvent mal informées du déroulement des opérations judicaires et dans la plupart des cas livrées à elles-mêmes, dans un sentiment d’isolement total, et dans l’angoisse et l’attente de savoir si elles pourront ou non se recueillir auprès de leur défunt. Les peurs et les représentations sont multiples et extrêmement dévastatrices, particulièrement en ce qui concerne l’autopsie médico-légale, vécue comme une réelle intrusion, un acte mutilant et destructeur.
L’ensemble de ces facteurs peut venir compliquer, voire entraver, le cheminement psychologique et le bon déroulement du travail de deuil. Néanmoins, la résolution n’en est pas pour autant impossible et il serait erroné de croire que l’on ne puisse jamais surmonter cette épreuve ou "faire son deuil". Mais pour cela il faut du temps, beaucoup de temps, se sentir reconnu dans sa souffrance, et trouver un soutien le plus réconfortant possible. C’est bien de ce soutien dont il est question dans notre propos.
Accompagner une famille endeuillée après une mort brutale :
- Implique tout d’abord de connaître les répercussions psychologiques qu’elle génère : la sidération, le vécu d’étrangeté, le déni, l’exacerbation émotionnelle… Cela permet de donner du sens aux comportements observés, de mieux s’adapter, de mesurer à quel point l’onde de choc est importante, de mettre en place une écoute active et constructive.
- Signifie pour le professionnel de comprendre ce qu’il s’est passé en recherchant toutes les informations disponibles autour du décès.
- Nécessite d’impliquer le plus possible la famille dans l’organisation de la cérémonie et d’encourager la personnalisation des obsèques pour que ce moment soit aussi unique que la personne décédée.
- C’est veiller bien sûr au bon déroulement de toutes les opérations funéraires.
- C’est s’assurer que la famille dispose de tous les renseignements dont elle peut avoir besoin et ne pas hésiter à répéter ou à reformuler les éléments importants.
- Exige de se mobiliser autour de la préparation et de la réparation du corps du défunt. Il est essentiel de pouvoir offrir à la famille la possibilité d’un recueillement auprès de son proche et surtout de lui laisser le choix d’y aller ou de ne pas y aller sans l’induire dans sa prise de décision et sans la culpabiliser. Des palliatifs sont possibles lorsque le corps est trop abîmé pour envisager une thanatoplastie comme le recouvrir, laisser apparaître une main, etc. Il faut savoir se tenir prêt à l’accompagner si elle le souhaite et à répondre à toutes ses interrogations (état d’altération du corps, cicatrices laissées par l’autopsie, etc.).
- C’est réussir à créer une relation de confiance et de transparence.
- Implique de l’amener progressivement à prendre conscience de l’importance d’un lieu de recueillement surtout lorsque la crémation est autorisée. Lorsqu’elle ne l’est pas en raison de l’enquête judiciaire et que cette décision s’oppose aux volontés du défunt, il s’agit d’aider la famille à comprendre pourquoi, et lui expliquer le caractère potentiellement temporaire de cette situation.
- Nécessite d’avoir la pleine conscience de la portée symbolique et psychologique de toutes les étapes qui composent les obsèques (mise en bière, cérémonie, inhumation, crémation, etc.).
Ces propos sont bien loin d’être exhaustifs et ne recouvrent qu’une mince partie de la complexité des situations rencontrées. Il y a encore beaucoup de choses à en dire et de réflexions à mener.
Un constat sûr
Mais un constat est sûr : le professionnel funéraire est un maillon essentiel de la chaîne dans l’accompagnement de ces familles endeuillées. Son savoir-faire et son "savoir-être" mis au service des familles vont permettre de les protéger d’un traumatisme supplémentaire. Sa disponibilité doit être entière et sincère mais cela a un coût : un coût physique et un coût psychologique. Ce n’est pas rien, ce n’est pas anodin à la fois parce qu’il est témoin de ces souffrances mais aussi parce que chacun a son histoire, ses propres deuils à résoudre…
Ces situations, bien que professionnelles, génèrent souvent des remises en question permanentes, "Est-ce que j’ai bien fait ?", "Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus ?", etc. C’est pourquoi il doit se préserver car prendre soin des familles c’est aussi prendre soin de soi.
Pour ce faire, il est nécessaire entre autres de valoriser :
- le travail en équipe (de liaison, de confiance, de transmissions, de partage des tâches) et les échanges des émotions difficiles autour d’un café,
- la confiance en soi et la confiance en ses compétences. Plus qu’un discours protocolaire et formalisé, les familles attendent une présence authentique, une chaleur humaine leur signifiant une vraie reconnaissance de leur chagrin. Certes certaines tournures langagières sont nécessaires pour éviter d’être trop maladroits mais évitons les phrases toutes faites, bien trop impersonnelles.
- le fait que chaque rencontre est une rencontre singulière avec une douleur, une situation de décès qui le sont tout autant. Le vécu de la mort d’un enfant, d’un mari, d’un frère sera différent pour chaque personne et tous les suicides par exemple ne se ressemblent pas. Il faut s’adapter, écouter les mots et les maux avec une oreille neuve et une neutralité bienveillante tout en utilisant bien sûr son expérience passée et acquise.
- la formation continue pour approfondir ses connaissances et encore mieux se préparer (séminaires, colloques, conférences, lectures…).
- le travail de liaison avec les partenaires extérieurs car le professionnel funéraire n’a pas pour mission de contenir toutes les émotions difficiles des familles. Il doit accepter de déléguer lorsque les obsèques sont terminées et pouvoir les orienter si besoin est, vers par exemple des associations d’aide aux endeuillés, habilitées à recevoir ces familles dans un cadre bien précis.
- le soutien psychologique pour lui-même au travers d’une demande interne à l’entreprise (groupes de parole avec un intervenant extérieur qualifié) ou d’une démarche personnelle extérieure vers un professionnel de santé.
En intervenant au plus près de l’événement, le professionnel funéraire constitue un des interlocuteurs privilégiés de la famille. Sa mission est rude mais essentielle et son intervention peut se révéler être une véritable source d’apaisement. En mobilisant toutes ses ressources humaines et techniques, le professionnel funéraire en partenariat étroit avec ses collaborateurs (thanatopracteur, maître de cérémonie, porteurs, marbriers, etc.) va offrir la possibilité d’un au revoir digne et va aider à la construction et à la matérialisation du souvenir (monument, lieu de recueillement).
Les traces laissées par cette rencontre sont souvent indélébiles dans la mémoire et dans le coeur des familles et bon nombre d’entre elles témoignent de ce soutien si précieux à un moment si douloureux de leur existence.
Contact et renseignements :
- Implique tout d’abord de connaître les répercussions psychologiques qu’elle génère : la sidération, le vécu d’étrangeté, le déni, l’exacerbation émotionnelle… Cela permet de donner du sens aux comportements observés, de mieux s’adapter, de mesurer à quel point l’onde de choc est importante, de mettre en place une écoute active et constructive.
- Signifie pour le professionnel de comprendre ce qu’il s’est passé en recherchant toutes les informations disponibles autour du décès.
- Nécessite d’impliquer le plus possible la famille dans l’organisation de la cérémonie et d’encourager la personnalisation des obsèques pour que ce moment soit aussi unique que la personne décédée.
- C’est veiller bien sûr au bon déroulement de toutes les opérations funéraires.
- C’est s’assurer que la famille dispose de tous les renseignements dont elle peut avoir besoin et ne pas hésiter à répéter ou à reformuler les éléments importants.
- Exige de se mobiliser autour de la préparation et de la réparation du corps du défunt. Il est essentiel de pouvoir offrir à la famille la possibilité d’un recueillement auprès de son proche et surtout de lui laisser le choix d’y aller ou de ne pas y aller sans l’induire dans sa prise de décision et sans la culpabiliser. Des palliatifs sont possibles lorsque le corps est trop abîmé pour envisager une thanatoplastie comme le recouvrir, laisser apparaître une main, etc. Il faut savoir se tenir prêt à l’accompagner si elle le souhaite et à répondre à toutes ses interrogations (état d’altération du corps, cicatrices laissées par l’autopsie, etc.).
- C’est réussir à créer une relation de confiance et de transparence.
- Implique de l’amener progressivement à prendre conscience de l’importance d’un lieu de recueillement surtout lorsque la crémation est autorisée. Lorsqu’elle ne l’est pas en raison de l’enquête judiciaire et que cette décision s’oppose aux volontés du défunt, il s’agit d’aider la famille à comprendre pourquoi, et lui expliquer le caractère potentiellement temporaire de cette situation.
- Nécessite d’avoir la pleine conscience de la portée symbolique et psychologique de toutes les étapes qui composent les obsèques (mise en bière, cérémonie, inhumation, crémation, etc.).
Ces propos sont bien loin d’être exhaustifs et ne recouvrent qu’une mince partie de la complexité des situations rencontrées. Il y a encore beaucoup de choses à en dire et de réflexions à mener.
Un constat sûr
Mais un constat est sûr : le professionnel funéraire est un maillon essentiel de la chaîne dans l’accompagnement de ces familles endeuillées. Son savoir-faire et son "savoir-être" mis au service des familles vont permettre de les protéger d’un traumatisme supplémentaire. Sa disponibilité doit être entière et sincère mais cela a un coût : un coût physique et un coût psychologique. Ce n’est pas rien, ce n’est pas anodin à la fois parce qu’il est témoin de ces souffrances mais aussi parce que chacun a son histoire, ses propres deuils à résoudre…
Ces situations, bien que professionnelles, génèrent souvent des remises en question permanentes, "Est-ce que j’ai bien fait ?", "Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus ?", etc. C’est pourquoi il doit se préserver car prendre soin des familles c’est aussi prendre soin de soi.
Pour ce faire, il est nécessaire entre autres de valoriser :
- le travail en équipe (de liaison, de confiance, de transmissions, de partage des tâches) et les échanges des émotions difficiles autour d’un café,
- la confiance en soi et la confiance en ses compétences. Plus qu’un discours protocolaire et formalisé, les familles attendent une présence authentique, une chaleur humaine leur signifiant une vraie reconnaissance de leur chagrin. Certes certaines tournures langagières sont nécessaires pour éviter d’être trop maladroits mais évitons les phrases toutes faites, bien trop impersonnelles.
- le fait que chaque rencontre est une rencontre singulière avec une douleur, une situation de décès qui le sont tout autant. Le vécu de la mort d’un enfant, d’un mari, d’un frère sera différent pour chaque personne et tous les suicides par exemple ne se ressemblent pas. Il faut s’adapter, écouter les mots et les maux avec une oreille neuve et une neutralité bienveillante tout en utilisant bien sûr son expérience passée et acquise.
- la formation continue pour approfondir ses connaissances et encore mieux se préparer (séminaires, colloques, conférences, lectures…).
- le travail de liaison avec les partenaires extérieurs car le professionnel funéraire n’a pas pour mission de contenir toutes les émotions difficiles des familles. Il doit accepter de déléguer lorsque les obsèques sont terminées et pouvoir les orienter si besoin est, vers par exemple des associations d’aide aux endeuillés, habilitées à recevoir ces familles dans un cadre bien précis.
- le soutien psychologique pour lui-même au travers d’une demande interne à l’entreprise (groupes de parole avec un intervenant extérieur qualifié) ou d’une démarche personnelle extérieure vers un professionnel de santé.
En intervenant au plus près de l’événement, le professionnel funéraire constitue un des interlocuteurs privilégiés de la famille. Sa mission est rude mais essentielle et son intervention peut se révéler être une véritable source d’apaisement. En mobilisant toutes ses ressources humaines et techniques, le professionnel funéraire en partenariat étroit avec ses collaborateurs (thanatopracteur, maître de cérémonie, porteurs, marbriers, etc.) va offrir la possibilité d’un au revoir digne et va aider à la construction et à la matérialisation du souvenir (monument, lieu de recueillement).
Les traces laissées par cette rencontre sont souvent indélébiles dans la mémoire et dans le coeur des familles et bon nombre d’entre elles témoignent de ce soutien si précieux à un moment si douloureux de leur existence.
Contact et renseignements :
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Cynthia Mauro
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