"Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière,
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai."
peut-on lire sur la tombe d’Alfred de Musset, où un saule est planté.
En effet, jugé geler inutilement des terrains et donc être un facteur de perte foncière pour les communes, le cimetière traditionnel est peu à peu aménagé pour être réintégré dans l’espace urbain. Les reproches faits au cimetière traditionnel, c’est qu’il ne propose que des rangées de tombes serrées, séparées par les allées de circulation, avec très peu de plantations.
À l’inverse, le cimetière-parc anglo-saxon est un équipement plus vaste, une forme de jardin à l’anglaise où les tombes sont disséminées au milieu de la végétation. En France, le parti pris est celui du cimetière paysager, c'est-à-dire l’aménagement des cimetières en espaces verts. Les cimetières paysagers se définissent alors d’après l’espace consacré aux plantations, l’aspect architectural et la superficie occupée par les tombes. Intégrés à la nature, ils privilégient l’aspect végétal à l’aspect minéral. Pour Mmes Pernet et Tabeaud "l’introduction d’éléments végétaux dans les cimetières constitue une réponse à la tendance actuelle de désocialisation de la mort et des lieux d’inhumation".
En effet, le cimetière paysager a un double objectif : S’intégrer dans un environnement existant et redonner au cimetière une fonction sociale (Voir sur ce point les travaux de Philippe Ariès ou de Louis-Vincent Thomas).
La réalisation de cimetières paysagers a été amorcée par l’architecte Robert Auzelle, qui a étudié l’aménagement et la fonctionnalité des lieux d’inhumation avec comme référence les exemples anglo-saxons et germaniques. Son premier cimetière paysager est celui de Clamart (Hauts-de-Seine), cimetière intercommunal ouvert en 1956 et site classé en 1998 au titre de valeur artistique.
Mais malgré les faveurs de l’opinion publique et les efforts des collectivités pour développer le concept de cimetière paysager, les familles continuent à préférer l’inhumation traditionnelle à l’inhumation paysagère. Un des facteurs de ce constat semble être le prix des concessions paysagères. En effet, leur prix est nettement plus élevé que celui d’une concession traditionnelle. À l’aspect financier, s’ajoutent les traditions françaises qui acceptent mal le cimetière paysager. Comme le soulignent Mmes Pernet et Tabeaud, elles «"n’intègrent pas l’idée que l’on puisse marcher sur le champ des morts. Bien souvent, dans les pays anglo-saxons, le cimetière paysager est d’autant plus aisément réalisable que les mentalités s’accommodent d’une inhumation pure et simple, sans pierre tombale ni signe distinctif".
De plus, il est difficile pour les collectivités de trouver en milieu urbain des terrains suffisamment vastes pour l’établissement d’un cimetière paysager d’où un éloignement croissant de celui-ci de l’enceinte des villes et le recours à l’intercommunalité. Or, l’éloignement de ces sites se heurte à la tradition d’usagers attachés à la proximité du cimetière.
Il faut également souligner que les communes disposant de peu d’opportunités foncières préfèrent consacrer leurs terrains à d’autres équipements plus rentables, d’autant que les coûts induits par la création et la gestion d’un tel cimetière sont importants.
Une circulaire du ministère de l'Intérieur n°76-160 du 15 mars 1976 incite les maires à créer ce type de cimetière, et une réponse ministérielle n°1999 (JOAN Q 20/11/1979) indique que la création d'un cimetière paysager est possible à partir du moment où il existe déjà un cimetière traditionnel non saturé afin de permettre aux usagers d'avoir le choix.
Qu’en est-il des pouvoirs du maire à l’endroit du cimetière paysager ? Le maire, chargé de la police des cimetières et des funérailles, peut arrêter un règlement intérieur qui rappellera les lois et réglementations en vigueur relatives aux opérations funéraires et qui édictera les mesures propres à assurer le bon ordre, la décence, la sûreté et la salubrité publiques à l’intérieur du cimetière. Mais, sauf pour faire respecter les mesures susmentionnées, le maire ne peut définir les caractéristiques des monuments construits ou les soumettre à autorisation préalable. Lors de la construction des premiers cimetières paysagers, la question s’est posée de savoir si le maire pouvait imposer aux concessionnaires des limitations strictes visant à respecter l’aspect général du cimetière. Or, en ce qui concerne l’esthétique, le juge administratif refuse catégoriquement de reconnaître au maire une quelconque prérogative en la matière dans l’enceinte du cimetière (CE, 18 février 1972, Chambre syndicale des entreprises artisanales du bâtiment de Haute-Garonne, Rec. CE, p. 153 ou CE, 11 mars 1983, Cne de Bures-sur-Yvette, Rec. CE, p. 104 ).
Le cimetière paysager paraît être un pont entre le cimetière traditionnel et l’espace vert. En effet, l’objectif recherché par les aménageurs est de transformer le cimetière en un lieu d’échanges, de culture, d’histoire, à l’image du plus célèbre d’entre eux : Le Père-Lachaise.
Plantez un saule au cimetière,
J’aime son feuillage éploré,
La pâleur m’en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
A la terre où je dormirai."
peut-on lire sur la tombe d’Alfred de Musset, où un saule est planté.
En effet, jugé geler inutilement des terrains et donc être un facteur de perte foncière pour les communes, le cimetière traditionnel est peu à peu aménagé pour être réintégré dans l’espace urbain. Les reproches faits au cimetière traditionnel, c’est qu’il ne propose que des rangées de tombes serrées, séparées par les allées de circulation, avec très peu de plantations.
À l’inverse, le cimetière-parc anglo-saxon est un équipement plus vaste, une forme de jardin à l’anglaise où les tombes sont disséminées au milieu de la végétation. En France, le parti pris est celui du cimetière paysager, c'est-à-dire l’aménagement des cimetières en espaces verts. Les cimetières paysagers se définissent alors d’après l’espace consacré aux plantations, l’aspect architectural et la superficie occupée par les tombes. Intégrés à la nature, ils privilégient l’aspect végétal à l’aspect minéral. Pour Mmes Pernet et Tabeaud "l’introduction d’éléments végétaux dans les cimetières constitue une réponse à la tendance actuelle de désocialisation de la mort et des lieux d’inhumation".
En effet, le cimetière paysager a un double objectif : S’intégrer dans un environnement existant et redonner au cimetière une fonction sociale (Voir sur ce point les travaux de Philippe Ariès ou de Louis-Vincent Thomas).
La réalisation de cimetières paysagers a été amorcée par l’architecte Robert Auzelle, qui a étudié l’aménagement et la fonctionnalité des lieux d’inhumation avec comme référence les exemples anglo-saxons et germaniques. Son premier cimetière paysager est celui de Clamart (Hauts-de-Seine), cimetière intercommunal ouvert en 1956 et site classé en 1998 au titre de valeur artistique.
Mais malgré les faveurs de l’opinion publique et les efforts des collectivités pour développer le concept de cimetière paysager, les familles continuent à préférer l’inhumation traditionnelle à l’inhumation paysagère. Un des facteurs de ce constat semble être le prix des concessions paysagères. En effet, leur prix est nettement plus élevé que celui d’une concession traditionnelle. À l’aspect financier, s’ajoutent les traditions françaises qui acceptent mal le cimetière paysager. Comme le soulignent Mmes Pernet et Tabeaud, elles «"n’intègrent pas l’idée que l’on puisse marcher sur le champ des morts. Bien souvent, dans les pays anglo-saxons, le cimetière paysager est d’autant plus aisément réalisable que les mentalités s’accommodent d’une inhumation pure et simple, sans pierre tombale ni signe distinctif".
De plus, il est difficile pour les collectivités de trouver en milieu urbain des terrains suffisamment vastes pour l’établissement d’un cimetière paysager d’où un éloignement croissant de celui-ci de l’enceinte des villes et le recours à l’intercommunalité. Or, l’éloignement de ces sites se heurte à la tradition d’usagers attachés à la proximité du cimetière.
Il faut également souligner que les communes disposant de peu d’opportunités foncières préfèrent consacrer leurs terrains à d’autres équipements plus rentables, d’autant que les coûts induits par la création et la gestion d’un tel cimetière sont importants.
Une circulaire du ministère de l'Intérieur n°76-160 du 15 mars 1976 incite les maires à créer ce type de cimetière, et une réponse ministérielle n°1999 (JOAN Q 20/11/1979) indique que la création d'un cimetière paysager est possible à partir du moment où il existe déjà un cimetière traditionnel non saturé afin de permettre aux usagers d'avoir le choix.
Qu’en est-il des pouvoirs du maire à l’endroit du cimetière paysager ? Le maire, chargé de la police des cimetières et des funérailles, peut arrêter un règlement intérieur qui rappellera les lois et réglementations en vigueur relatives aux opérations funéraires et qui édictera les mesures propres à assurer le bon ordre, la décence, la sûreté et la salubrité publiques à l’intérieur du cimetière. Mais, sauf pour faire respecter les mesures susmentionnées, le maire ne peut définir les caractéristiques des monuments construits ou les soumettre à autorisation préalable. Lors de la construction des premiers cimetières paysagers, la question s’est posée de savoir si le maire pouvait imposer aux concessionnaires des limitations strictes visant à respecter l’aspect général du cimetière. Or, en ce qui concerne l’esthétique, le juge administratif refuse catégoriquement de reconnaître au maire une quelconque prérogative en la matière dans l’enceinte du cimetière (CE, 18 février 1972, Chambre syndicale des entreprises artisanales du bâtiment de Haute-Garonne, Rec. CE, p. 153 ou CE, 11 mars 1983, Cne de Bures-sur-Yvette, Rec. CE, p. 104 ).
Le cimetière paysager paraît être un pont entre le cimetière traditionnel et l’espace vert. En effet, l’objectif recherché par les aménageurs est de transformer le cimetière en un lieu d’échanges, de culture, d’histoire, à l’image du plus célèbre d’entre eux : Le Père-Lachaise.
Marion Perchey,
Bibliographie :
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