Transition écologique et énergétique dans les services funéraires : enjeux, réglementations et formation des professionnels.
La transition écologique et énergétique impacte aujourd’hui de nombreux secteurs, y compris celui des services funéraires. Bien que la préservation de l’environnement ne soit pas toujours une priorité immédiate pour les familles endeuillées, elle devient un enjeu croissant sous l’effet des réglementations et des évolutions sociétales.
Le rapport de l’Opco EP en partenariat avec le ministère du Travail "Analyse des effets de la transition écologique & énergétique" (1) met en avant 3 défis majeurs pour le secteur : l’inflation énergétique, les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et la diminution de la pollution des sols.
Une consommation énergétique sous surveillance
L’activité funéraire repose sur plusieurs processus à forte consommation énergétique, notamment :
• La crémation, nécessitant de porter les fours à des températures élevées, avec une forte consommation de gaz.
• Le maintien des corps en chambre funéraire, où les systèmes de réfrigération doivent fonctionner en continu.
• La fabrication et le transport des cercueils, demandant une consommation d’énergie significative, surtout si les bois utilisés sont importés.
• La construction des caveaux en béton, un matériau dont la production est très émettrice en CO2.
Pour répondre à ces défis, plusieurs constats d’adaptation de la profession :
• Optimisation des équipements de crémation pour limiter leur consommation énergétique.
• Amélioration des systèmes de réfrigération et recours aux énergies renouvelables dans les chambres funéraires.
• Favoriser les cercueils en bois issu de forêts françaises, moins énergivores à produire et à transporter.
• Explorer des alternatives aux caveaux en béton, avec par exemple l’inhumation pleine terre ou privilégier des formulations à moindre impact.
Encadrement réglementaire et évolutions à anticiper
Le secteur funéraire est soumis à un cadre réglementaire strict, qui évolue progressivement pour mieux intégrer les enjeux environnementaux.
Parmi les principales règles en vigueur :
• Les émissions des crématoriums sont encadrées par des normes précises visant à limiter les rejets de particules et de polluants dans l’air.
• L’interdiction des produits phytosanitaires dans les cimetières (arrêté du 15 janvier 2021), qui oblige les collectivités à une gestion plus écologique des espaces funéraires.
• Les restrictions sur les substances chimiques utilisées pour la conservation des corps, en raison de leur impact potentiel sur la pollution des sols. Les alternatives au formol commencent à émerger.
• Les règles encadrant l’implantation des cimetières, qui doivent tenir compte de la saturation foncière dans certaines zones urbaines et de la préservation des milieux naturels.
À l’avenir, le secteur pourrait être concerné par de nouvelles évolutions législatives, notamment :
• Une possible limitation des crémations si leur impact environnemental est jugé trop important, ou une réglementation plus contraignante pour réduire encore davantage ces émissions.
• Un encouragement des cercueils écoconçus (certifications ou incitations).
• Le développement de nouvelles formes d’inhumation, nécessitant études d’impacts et ajustements du cadre juridique actuel.
Un enjeu social : l’évolution des compétences des professionnels du funéraire
La transition écologique et énergétique ne concerne pas uniquement les équipements et les réglementations : elle implique aussi une évolution des compétences des professionnels du secteur.
Face aux nouvelles attentes environnementales, les collaborateurs des entreprises funéraires doivent adapter leurs pratiques et acquérir de nouvelles connaissances, notamment sur :
• L’écoconception des cercueils et des monuments funéraires et une connaissance de la résilience dans le temps avec l’exposition aux intempéries et aléas climatiques, pour mieux conseiller les familles sur des choix responsables.
• Les réglementations environnementales et sanitaires, afin d’anticiper leur impact sur l’activité.
• L’optimisation énergétique des infrastructures funéraires, notamment pour la gestion des crématoriums et des chambres froides.
• Les nouvelles pratiques funéraires (inhumation en pleine terre, cimetières naturels), qui nécessitent une adaptation des savoir-faire.
Pour accompagner ces évolutions, les organismes de formation et les branches professionnelles développent des parcours de formation adaptés et des financements dédiés (EDEC). L’intégration de modules sur l’impact environnemental des métiers du funéraire dans les cursus de conseiller funéraire, de maître de cérémonie ou de thanatopracteur devient une nécessité.
De plus, avec la généralisation des démarches RSE, la sensibilisation des salariés aux bonnes pratiques écologiques au sein même des entreprises (gestion des déchets, réduction de l’empreinte carbone des déplacements, choix des matériaux) contribue à la transformation durable du secteur.
Des pratiques plus durables à encourager
Face à ces défis, plusieurs solutions émergent pour limiter l’impact des activités funéraires :
• Utilisation de cercueils en bois français, avec des vernis naturels, avec des capitons en tissu naturel.
• Encouragement des cimetières "verts", avec une gestion paysagère respectueuse de l’environnement.
• Formation continue des professionnels, pour garantir une montée en compétences sur les enjeux écologiques.
• Optimisation des ressources énergétiques et réduction des consommations, grâce à des infrastructures plus performantes.
Le funéraire entre ainsi dans une période de transition écologique et énergétique, où l'innovation, l'adaptation réglementaire du secteur et des entreprises et la montée en compétences des collaborateurs seront les clés d’un avenir plus durable.
Élisabeth Charrier
Déléguée générale de la FNF
Résonance n° 213 - Mars 2025
Suivez-nous sur les réseaux sociaux :